Grain de Sel ou Grain de Poivre ? du 19 mars 2020 – Timothée Paton – Les TOC (partie 2)
Les TOC (partie 2)
PHARE FM : Bonjour Timothée
Chroniqueur Timothée : Bonjour Nathanaël.
PHARE FM : Vous avez abordé la dernière fois un sujet encore un peu tabou : Les Troubles Obsessionnels Compulsifs. Ça fonctionne comment dans la tête de celui qui en souffre ?
Chroniqueur Timothée : Les TOC fonctionnent comme un disque rayé. L’aiguille se bloque sur une pensée et cette pensée ne cesse de tourner en boucle. Ceux qui ne souffrent pas de ces troubles (comme vous Nathanaël) passent tout naturellement à la pensée suivante. C’est pas le cas de ceux qui sont atteints de cette maladie.
Mais vous savez, ceux qui souffrent de TOC savent pertinemment au fond d’eux-mêmes qu’il est inutile de s’inquiéter à ce point. On ne peut pourtant se défaire que difficilement de ces angoisses. Nous dire qu’il est insensé de s’inquiéter de la sorte ne change absolument rien : la frustration n’en est souvent que plus intense.
PHARE FM : Les TOC Timothée ont imprégné votre vie depuis l’âge de 15 ans…
Chroniqueur Timothée : Oui, ça fait longtemps.
On pensait au début que ce ne serait qu’un problème passager qui s’estomperait avec l’adolescence. Cependant, le problème est resté et n’a fait qu’empirer.
PHARE FM : Alors chez vous ça se manifestait de quelle façon ?
Chroniqueur Timothée : Je me mettais à tout vérifier : les portes étaient-elles bien fermées ? La lumière est-elle bien éteinte ? Le frein à main de ma voiture est-il bien serré ? Une liste sans fin de craintes irrationnelles…
Je me suis senti comme « responsable » de tout ce qui, à mes yeux, n’était pas bien à sa place. Qu’il s’agisse d’un morceau de journal aperçu sur la pelouse d’un jardin public, ou d’une veste qui n’est pas bien suspendue à un portemanteau.
C’est comme si je pouvais voir ce que les autres ne voient pas. On se sent responsable d’intervenir quand quelque chose n’est pas « comme il faut » à nos yeux.
Jeune pasteur, je me souviens, je rendais souvent visite aux membres de l’église. M’asseoir à table et manger avec eux provoquait de très fortes anxiétés. Parce que je voyais tant de choses dans leur maison à remettre en place, au « bon endroit », en ordre. Le simple fait de me concentrer sur une conversation devenait extrêmement difficile.
La nature des Troubles Obsessionnels Compulsifs a varié au fil du temps. La douleur, elle, est restée constante.
PHARE FM : Les gens autour de vous devaient quand même se douter que quelque chose n’allait pas ?
Chroniqueur Timothée : Pas vraiment. Je l’ai bien caché.
Très peu de monde dans mon entourage avait connaissance de ce que je vivais : uniquement ma famille et quelques amis proches. Mes parents et mon frère souffraient autant que moi de me voir tourmenté par les TOC. Ils étaient terriblement frustrés de ne pas savoir comment vraiment me venir en aide. Mais mon père et ma mère ont prié. Des mois, des années. Sans relâche.
PHARE FM : Vous avez eu cette grâce d’avoir des parents qui vous ont soutenu…
Chroniqueur Timothée : Oui, et leurs prières et celles d’amis proches ont porté du fruit.
Je vous en dirais un peu plus dans 15 jours.