Jean-Marc Bellefleur – Les pompières et leurs tenues
Jean-Marc : Bonjour Lisa, bonjour Thomas. Il y a du nouveau chez les pompiers, dont j’aimerais vous parler.
PHARE FM : Et qu’y a-t-il de nouveau chez les pompiers ?
Jean-Marc : Les tenues d’intervention… pour les pompières. Enfin, les femmes ont des tenues de service et d’intervention qui leur sont propres.Cela fait des années que les femmes utilisent les mêmes tenues que les hommes pour les interventions, coupées d’après la morphologie, les postures et les mouvements des hommes.
Or en intervention, il faut avoir des vêtements bien adaptés. Les gestes ne doivent pas être gênés. Les tenues d’intervention pour les pompières tiennent compte de la morphologie des femmes et de leurs postures habituelles. Le but est qu’elles soient parfaitement à l’aise pour agir.
PHARE FM : Mais pourtant, cela fait un certain temps qu’il y a des femmes chez les pompiers, non ?
Jean-Marc : En France, c’est en 1976 que le décret du 25 octobre stipulait : “Les corps des sapeurs-pompiers communaux peuvent être composés de personnels tant masculins que féminins.” Cela fait donc 44 ans !
PHARE FM : Combien compte-t-on de femmes… “pompières” ?
Jean-Marc : Oui… je vous entends achopper un peu sur ce mot… mais cela fait partie de la féminisation des noms de métier dont j’ai déjà parlé. Alors en France, 16% des effectifs civils sont des femmes pour seulement 4% des pompiers militaires. Il faut préciser qu’il y a à peu près la parité dans les services de santé et de secours médical et dans les services administratifs et techniques.
Sans avoir des chiffres aussi précis, je suis allé voir ce qui se passe chez nos voisins suisses et belges, et j’ai constaté le même genre de phénomène.
PHARE FM : Mais pourquoi, avec ces dizaines de milliers de femmes dans la profession, n’avait-on pas dessiné une tenue d’intervention qui leur convienne mieux que celles des hommes ?
Jean-Marc : Cette longueur de temps me semble caractéristique d’un phénomène de société : les femmes mettent des habits d’hommes pour pouvoir entrer dans certaines professions. Dans certains milieux, elles doivent mettre leur identité féminine en berne.
Bon cela ne veut vraiment pas dire que je voudrais réduire la personne féminine à une paire de chaussure à talons ! La féminité, et d’ailleurs la masculinité aussi, s’exprime de manières très variées. Mais il s’agit de reconnaître une femme en tant que telle dans des fonctions intellectuelles, techniques, scientifiques, et en l’occurrence sociétales.
PHARE FM : Vous dites “sociétales”… C’est vrai que “les pompiers” sont une institution !
Jean-Marc : Oui. Tout comme l’armée et la police, dans lesquelles il y a les mêmes évolutions, et même plus avancées. Et qui parle “institution” dit “territoire masculin” et “conquête à faire par les femmes”. Alors bravo au Portail de la fonction publique français, qui intitule le poste : “sapeuse-sauveteuse, sapeuse pompière ou sapeur-sauveteur, sapeur pompier”.
PHARE FM : Revenons aux différences morphologiques… on ne peut ignorer les différences musculaires entre hommes et femmes, non ? Or les capacités physiques sont importantes en intervention.
Jean-Marc : Oui, c’est vrai, et j’ai d’ailleurs lu à ce sujet l’interview intéressante de pompières belges. Elles reconnaissent bien cette différence, et ajoutent : “Ce qui nous distingue, c’est le mental.” Elles doivent sans arrêt s’entraîner – bon les hommes aussi je suppose – pour se maintenir en forme. Mais la valeur d’une équipe ne réside-t-elle pas surtout dans l’état d’esprit, dans les relations ? A mon avis, une équipe mixte sera plus forte de ce point de vue. Comme dans bien des domaines, d’ailleurs.
Merci Jean-Marc Bellefleur.