Michael Mutzner – La liberté d’expression

« Merci pour votre discours positif, le fait de voir les bonnes choses malgré les difficultés, de pousser les gens à se battre pour avoir une vie meilleure tout en respectant l'autre. C'est vraiment rare de nos jours. »

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Michael Mutzner - La liberté d'expression
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Michael Mutzner, représentant permanent de l’alliance évangélique mondiale auprès de l’ONU.

PHARE FM : Michael Mutzner, vous nous parlez aujourd’hui d’un évènement… qui n’a pas eu lieu, ou plutôt qui n’a pas pu avoir lieu, en Suisse, le week-end passé, en raison des risques de violences des opposants à cette rencontre… On imagine souvent la Suisse comme un pays plutôt tranquille, alors qu’est ce qui suscite une telle levée de boucliers ?

Michael : Et bien l’évènement qui n’a pas pu avoir lieu, c’est tout simplement une rencontre organisée par l’association « Marche pour la Vie » et qui milite pour la protection de la vie, en particulier celle des enfants à naître – et qui s’oppose donc à l’avortement. L’évènement devait se tenir avec environ 300 participants au Centre de congrès évangélique de Winterthur samedi dernier, le 19 septembre. Mais suite aux appels des milieux radicaux de gauche à venir perturber l’évènement, les propriétaires des lieux ont préféré demander aux organisateurs d’annuler la rencontre.

PHARE FM : Y avait-il vraiment matière à s’inquiéter à ce point ? La situation aurait-elle vraisemblablement pu déraper?

Michael : Oui complètement. Il faut savoir qu’il y a déjà tout un historique et que la Marche pour la Vie est devenue l’évènement annuel contre lequel des militants de la gauche radicale se mobilisent, parfois avec passablement de violence. L’année dernière, la Marche pour la Vie avait eu lieu sous forme de cortège dans les rues de Zürich. La contre-manifestation, non autorisée soit dit en passant, a rassemblé plusieurs centaines de personnes et la situation a viré à l’émeute, avec notamment des affrontements violents avec la police qui s’était interposée pour protéger les manifestants. C’est tout simplement lamentable, de la part de ces soi-disant défenseurs des libertés. Personnellement, ce qui me gêne beaucoup dans cette histoire, c’est le niveau d’intolérance de ces opposants et le fait que la liberté d’expression et de rassemblement a été bafouée.

PHARE FM : Est-ce que les autorités font le maximum de leur côté pour protéger les organisateurs et justement, leur liberté de s’exprimer et de faire passer leur message publiquement ?

Michael : La police de Winterthur avait pris toutes les dispositions nécessaires pour protéger le rassemblement prévu, mais on ne peut pas exclure qu’il y aurait eu des dégâts matériels importants pour le centre de congrès. Ce qu’il faut savoir c’est que l’évènement, comme le nom de l’association l’indique, a en principe lieu sous forme de « marche », autrement dit de cortège dans les rues. Or les organisateurs avaient d’abord prévu d’organiser une marche dans les rues de Zürich, mais la police ne l’a pas autorisée, en raison des risques de débordements de la part des contre-manifestants. C’est pour cette raison que les organisateurs s’étaient finalement rabattus sur cette salle à Winterthur, avant que celle-ci ne se rétracte également. Les organisateurs ont fait recours en justice contre le refus de la police d’autoriser ce cortège, et le jugement est en attente. L’an passé déjà, Zürich avait refusé d’autoriser une marche, mais avait dû battre en retraite face à une décision du Tribunal administratif.

PHARE FM : Ces groupes radicaux, comme vous dites, ont donc non seulement réussi à faire annuler le cortège prévu à Zürich, mais aussi le rassemblement à Winterthur. Faut-il s’inquiéter pour la liberté d’expression en Suisse ?

Michael : Je ne suis pas inquiet pour la liberté d’expression sur le plan légal : j’ai confiance que la justice fera à nouveau son travail, si c’est nécessaire, pour que la marche soit autorisée en 2021. Par contre, c’est plutôt le manque de tolérance dans certains segments de la société qui m’inquiète. On n’est pas face à un cas isolé : ceux qui expriment un point de vue qui dérange peuvent être confrontés à une pression sociale énorme. Notre société a besoin de réapprendre la vraie tolérance, celle qui dit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ».