Jean-François Mouhot – PIB ou CO2 il faut choisir !

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Grain de sel/poivre ?
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Jean-François Mouhot - PIB ou CO2 il faut choisir !
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PHARE FM : La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen doit prononcer son premier discours sur l’état de l’Union cette semaine.
Jean-François : Oui, elle doit notamment proposer de baisser de 55% les émissions de gaz à effet de serre pour 2030, soit plus que l’objectif actuel de 40%, avec comme finalité de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. La Commission envisage également une réforme du marché du CO2, qui souffre de nombreuses exonérations dans différents secteurs.

PHARE FM : Ces annonces sont plutôt une bonne chose pour la planète, non?
Jean-François : Oui, ce sont bien sûr des annonces dont il faut se réjouir car elles démontrent encore une fois la volonté d’agir des gouvernements face à la crise climatique. Elles montrent aussi que ces gouvernements ont compris qu’ils doivent agir depuis le sommet, pour impulser une dynamique qui pourra aller rejoindre les initiatives citoyennes. Modifier les règles du jeu économique est en effet la seule manière de lutter contre le réchauffement climatique.

PHARE FM : Pourtant les engagements forts et les objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre ne sont pas toujours suivis de beaucoup d’effets…
Jean-François : Oui, le bilan des engagements successifs des gouvernements en matière de réduction de gaz à effet de serre, depuis l’accord de Kyoto en 1997, n’est pas brillant. L’ingénieur et spécialiste du climat Jean-Marc Jancovici le montre bien dans une de ses conférences récentes: alors qu’il y a une surenchère d’engagements depuis des années, les émissions globales de gaz à effet de serre elles continuent tranquillement à augmenter année après année, sans que la courbe de croissance semble le moins du monde perturbée par ces engagements successifs.

PHARE FM : Comment expliquer cela?
Jean-François : Certains disent qu’il faut attendre, que les effets de changements de politique prennent souvent de nombreuses années – par exemple, le Canada a mis quatre ans avant de traduire dans sa loi les engagements que le pays avait pris lors de la conférence sur le climat à Paris en 2015. Les effets ensuite ne vont se faire sentir que lentement. Mais quand ils vont commencer à vraiment se faire sentir dans la population (qui verra son pouvoir de consommer limité et se réduire), on peut s’attendre à ce qu’il soit contesté par la population, surtout si ce sont principalement les gens modestes qui sont touchés en premier.

PHARE FM : C’est ce qui s’est passé en France avec les gilets jaunes?
Jean-François : Oui: le mouvement des gilets jaune a été déclenché par des mesures qui affectaient principalement des gens modestes habitant en périphérie des grands centres où vivent les riches et les élites, à savoir l’augmentation du prix du diesel (un carburant utilisé principalement par) et la limitation de la vitesse à 80km sur les routes nationales. Lutter contre le changement climatique implique de diminuer notre consommation, notre train de vie, c’est à dire le PIB (Produit Interieur Brut).

PHARE FM : En somme, PIB ou CO2 il faut choisir?
Jean-François : C’est en effet le dilemme auquel nous sommes confrontés, et je vous invite à voir la vidéo de sa conférence du même titre donnée il y a un an à Sciences Po, que vous pouvez trouver sur internet, qui en fait une bonne démonstration.