Ludvine Schmitz – Histoire et géopolitique de l’Arménie

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Ludvine Schmitz - Histoire et géopolitique de l'Arménie
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Ludvine : Bonjour. Nous parlons aujourd’hui de la 1ère nation du monde devenue chrétienne, en 301, l’Arménie. Et forcément, de son attachement au Haut-Karabakh. L’Arménie est un petit territoire de 30.000 km2 qui abrite seulement 3.000.000 d’habitants, tandis que sa diaspora compte 10.000.000 de personnes.

PHARE FM : Situons géographiquement l’Arménie, Ludvine.

Ludvine : Elle n’est plus qu’un dixième du territoire qui s’étendait de la mer Caspienne à la Méditerranée. Les Arméniens, dont 98% sont chrétiens, sont voisins de grands Etats à forte majorité musulmane, Iran, Géorgie, Azerbaïdjan et Turquie. La zone sismique est active, à la jonction de la plaque Eurasiatique et de la Péninsule Arabique. Le tremblement de terre de 1988 tua 25000 personnes. Le point culminant arménien jusqu’en 1915, est le mont Ararat (5160 m). Aujourd’hui en Turquie, il reste le symbole de l’Arménie. La topographie est compliquée: il existe une enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais et 4 enclaves azerbaïdjanaises en territoire arménien. L’Arménie sépare l’Azerbaïdjan de sa République autonome du Nakhitchevan. Quant au Haut-Karabakh, à majorité arménienne, il est enclavé dans l’Azerbaïdjan et relié à l’Arménie par le corridor de Latchin.

PHARE FM : J’imagine que l’histoire arménienne aussi, est compliquée.

Ludvine : Oui! Les terres ancestrales ont connu une succession d’invasions, byzantine, ottomane, iranienne, russe. Dès 1915 le gouvernement Jeunes-Turcs organisa la déportation et le massacre d’environ 1.500.000 Arméniens de l’actuelle Turquie. Des lois turques condamnent encore aujourd’hui la mention du génocide arménien. En 1920 fut reconnu le droit à l’auto-détermination du peuple du Karabakh. Mais Staline décida arbitrairement son rattachement à l’Azerbaïdjan. A l’effondrement du bloc soviétique, les Républiques Socialistes Soviétiques d’Azerbaïdjan et d’Arménie déclarèrent leur indépendance, en 1991, ainsi que la région autonome du Karabakh, par référendum. Mais aucun Etat-membre de l’ONU ne reconnut l’indépendance karabakhie. L’Azerbaïdjan envoya des militaires au Haut-Karabakh. Les Azerbaïdjanais furent chassés. Le conflit fit des dizaines de milliers de victimes. En 1994 le cessez-le-feu ne régla pas grand-chose.

PHARE FM : Oui, Arménie et Azerbaïdjan n’entretiennent officiellement aucune relation diplomatique.

Ludvine : De plus, la frontière turco-arménienne est fermée et l’Arménie subit un blocus économique turc et azerbaïdjanais. Une «guerre des 4 Jours» éclate en 2016 suite à une attaque azerbaïdjanaise. Mais en 2017 la population du Haut-Karabakh approuve massivement, devant 104 observateurs électoraux internationaux, une modification de sa constitution et forme la République d’Artsakh. Le 27 septembre 2020, sa ville principale, Stepanakert, est bombardée par l’Azerbaïdjan qui décrète l’état de guerre. La République d’Artsakh déclare la loi martiale et la mobilisation générale, suivie dans la foulée par l’Arménie. Le rapport de forces est inégal. La Turquie envoie des mercenaires syriens dans la zone, ce que confirme l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme. Début octobre, l’Arménie rappelle son ambassadeur en Israël, pays censé vendre des armes à l’Azerbaïdjan.

PHARE FM : Une note d’espoir dans ce conflit, Ludvine?

Ludvine : Oui. Le groupe de Minsk, créé en 1992 pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh. Co-présidé par la Russie, la France et les Etats-Unis, il propose le stationnement d’une opération internationale de maintien de la paix au Haut-Karabakh. En attendant, la Russie protège les frontières du territoire arménien où elle entretient deux bases militaires.