Jean-Marc Bellefleur – Les mineurs non accompagnés

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Jean-Marc Bellefleur - Les mineurs non accompagnés
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PHARE FM : Bonjour Jean-Marc Bellefleur !

Jean-Marc : Bonjour Lisa, Thomas, bonjour PHARE FM ! J’aime bien PHARE FM, parce qu’il y a des choses que je n’y entendrai pas.

PHARE FM : Et là vous allez nous citer, bien sûr, ce que vous ne voulez pas entendre ?

Jean-Marc : Oui je vais vous le dire, mais sans le citer vraiment. Il s’agit de propos très accusateurs d’un éditorialiste à la télévision, Eric Zemmour, sur les “mineurs non accompagnés”, propos contre lesquels je souhaite m’exprimer.

PHARE FM : De quoi s’agit-il ?

Jean-Marc : D’abord, rappelons un fait du 25 septembre. Un jeune Pakistanais avait sauvagement et violemment agressé des personnes au nom d’une idéologie que je ne saurais décrire. Il avait pourtant bénéficié du dispositif d’accueil des mineurs étrangers (ou Mineurs non accompagnés) en France.

PHARE FM : Qu’est-ce qu’on appelle des “Mineurs non accompagnés” ?

Jean-Marc : Ce sont tout simplement des jeunes qui viennent sans leur famille de pays en difficulté, en espérant avoir une protection dans nos pays. En France, ils sont accueillis dans des structures financées par les départements. Depuis plusieurs années, ils constituent une partie du domaine de la demande d’asile.
Or ce jeune pakistanais est passé par ce dispositif.

PHARE FM : Oui et sa violence est d’autant moins acceptable alors.

Jean-Marc : Tout à fait, et quels qu’en soient les prétextes ! Et cela conduit à un vrai questionnement quant à l’accueil des mineurs étrangers, et plus généralement quant à la demande d’asile dans notre pays. Faut-il ? Ne faut-il pas ?
J’en viens à mon sujet. A la télévision le 30 septembre, M. Zemmour s’en est pris à l’ensemble de ces jeunes, après l’agression que j’ai citée. Il a vomi sa haine, les a accusés de tous les maux de la Terre.
Moi je veux dire qu’on ne résout rien comme ça. La haine n’a jamais rien construit de durable. Je suis suffisamment engagé dans l’action sociale pour connaître ce public. Ces jeunes ont leurs défauts, comme tout le monde. Mais ce que ce monsieur a dit est faux et vraiment préjudiciable.

PHARE FM : Pourquoi ?

Jean-Marc : D’une part il attise la haine. Or l’immigration n’est déjà pas un sujet facile ! C’est très délicat de parler de respect de nos cultures, de nos capacités d’accueil, de l’intégration, de la situation des pays d’origine des personnes, de leur histoire, de leurs blessures, de leurs espoirs, de leur déracinement… La haine ne sert à rien là-dedans. Il faut plutôt traiter toutes ces questions avec courage et intelligence.

PHARE FM : Et d’autre part, Jean-Marc ?

Jean-Marc : Il enferme des gens dans une certaine identité. Il interdit à tous ces jeunes la bonne volonté, le désir d’apprendre, de travailler et de s’intégrer, sous prétexte que l’un d’eux n’est pas rentré dans ce projet. C’est une attitude stérile. Dangereuse, même, car elle peut très bien décourager ces jeunes sur le chemin de l’intégration, et les pousser à se réfugier dans la radicalisation, le séparatisme, la délinquance, pour repenser à ce jeune pakistanais.

PHARE FM : Oui, c’est vrai que comme les autres, ces jeunes sont influençables !

Jean-Marc : Tout à fait Lisa. Le personnel qualifié qui les accueille fait un travail remarquable et n’a pas la partie facile. Or leur travail a aussi été impacté par ces déclarations haineuses et funestes. Mais ils agissent selon nos lois, sans naïveté mais sans haine, avec professionnalisme mais aussi citoyenneté. Et moi, je leur rends hommage, parce qu’entre autres ils mettent en œuvre les valeurs de la République.