Ludvine Schmitz – La vérité
Ludvine : Bonjour. Pour ma dernière chronique GrainDeSel, nous abordons un thème essentiel: la vérité.
PHARE FM : Oh là là, Ludvine, nous n’avons que 3 minutes!
Ludvine : C’est vrai, et le temps est un facteur crucial dans la recherche de la vérité. Il y eut une époque où des humanistes, tels qu’Erasme, passaient leur vie à essayer d’engranger toutes les connaissances. Mais aujourd’hui avec l’inflation du progrès, un homme ne peut plus acquérir en une vie la somme des connaissances de toutes les disciplines.
PHARE FM : Sommes-nous condamnés à l’erreur?
Ludvine : Nous devons faire confiance à des spécialistes qui étudient, recherchent. Par exemple, nous confions à notre médecin-traitant nos problèmes de santé, à notre conseiller bancaire la gestion de nos débits ou crédits. Nous suivons volontiers certains journalistes, bref, nous devons nous fier au jugement d’experts pour les domaines où nous n’en sommes pas.
PHARE FM : Mais si on parle de jugement, on n’est plus dans la vérité absolue.
Ludvine : En effet, dès que l’information passe par un filtre humain, il est difficile de la séparer d’un jugement. «Comprendre c’est justifier» expliquait Ionesco. Que ce soit en mathématique, en psychologie ou en politique, la compréhension exige une adhésion.
PHARE FM : Donc même les journalistes ne sont pas toujours des vecteurs d’information fiables?
Ludvine : Ce sont aussi des filtres. Ils transmettre une information, étymologiquement, cela veut dire que les faits sont «mis en forme». Certains journalistes essaient de vérifier les faits et de les relayer tels quels, sans déformation. D’autres livrent leurs commentaires, qui ne sont finalement que leurs propres jugements.
PHARE FM : Mais la déontologie du métier implique la vérité.
Ludvine : Malgré tout, un journaliste peut aussi tomber dans la désinformation. Sans forcément nier ou dénigrer une vérité, il peut mentir par omission, comme un bon publicitaire. Prenons l’exemple du Covid-19. Nous avons appris en 2020 un maximum d’informations données par des épidémiologistes, médecins, chefs de service d’hôpitaux, journalistes scientifiques. Les avis divergent sur les mesures à prendre, l’efficacité des tests, le bien-fondé de la vaccination. Tandis que les uns ont foi en la science, d’autres parlent de cupidité et de «science-fiction». Chacun de nous choisit de croire un discours ou l’autre. Nous faisons des choix en permanence, dans tous les domaines.
PHARE FM : Mais cela relativise la notion de vérité. Elle tient à la foi que j’accorde à telle ou telle personne.
Ludvine : Justement, parlons de foi: il y a environ 2500 ans, Siddharta Gautama, surnommé Bouddha, ou l’Eveillé, proclamait avoir trouvé la voie, proposant le salut dans le délaiement de l’individu dans un non-état, le nirvana. Il y a environ 1400 ans, Mahomet affirmait avoir reçu la vérité de la bouche de l’ange Gabriel. Beaucoup d’hommes au cours des siècles, ont déclaré AVOIR la vérité. Cependant un seul a affirmé ETRE la Vérité. Il EST, je cite, «la voie, la vérité et la vie». Pour un chrétien la question n’est pas: qu’est-ce que la vérité? mais qui est la vérité? La conversion chrétienne n’est pas une adhésion idéologique, c’est la rencontre avec la personne de Jésus-Christ.
PHARE FM : Et cette vérité est un absolutisme, Ludvine?
Ludvine : Je dirais plutôt une absolution.