Philippe Malidor – Nouveau scandale

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Grain de sel/poivre ?
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Philippe Malidor - Nouveau scandale
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PHARE FM : Aujourd’hui, vous voudriez nous parler de cette histoire de canards reproducteurs élevés ou plutôt détenus dans des conditions révoltantes dans le sud-ouest de la France.

PHILIPPE : Oui, et c’est encore l’association L214 qui, sur alerte d’un employé d’un élevage de canards mâles à Lichos (Pyrénées-Atlantiques), dénonce « des sommets dans l’horreur » : un lieu « totalement insalubre », des cadavres de canards « décomposés » et « non ramassés », des cages « en train de s’effondrer » où les canards n’ont même pas la place de déployer leurs ailes, un « flot d’excréments » qui « déborde à l’extérieur », des asticots, des rats qui « prolifèrent »… Il y a environ 150 canards vivants qui se trouvent au milieu d’autant de canards morts.

PHARE FM : Les scandales de ce genre se multiplient. Est-ce que nous devenons plus cruels avec les animaux ?

PHILIPPE : Il y a sûrement la conjonction de deux phénomènes : d’une part, l’industrialisation des élevages de vaches, de porcs, de volailles, etc., qui fait que les éleveurs deviennent des industriels qui ne connaissent plus leurs animaux et n’y voient que de la rentabilité potentielle – et n’oublions pas les abattoirs qui, soumis à des rendements fous, vont jusqu’à torturer des animaux en ne prenant pas le temps des procédures réglementaires pour les tuer. D’autre part, il y a le fait que, fort heureusement, il existe des associations qui révèlent ce qui était caché. Et il y a hélas encore de quoi faire à l’heure où je vous parle !

PHARE FM : Certains disent que L214 est le cheval de Troie des vegan, des gens qui veulent interdire toute consommation de viande et même l’utilisation de tout ce qui provient des animaux, comme le cuir, etc.

PHILIPPE : C’est possible, mais quand une situation révoltante est dénoncée, même par des gens avec qui nous ne sommes pas en accord sur tout, il faut faire cause commune. En tant que chrétien, je considère que les animaux sont absolument dignes de respect. Même si on admet qu’ils sont là en partie pour être utilisés et même, parfois, pour être mangés par les humains, la moindre des choses est de leur assurer une vie agréable avant de les abattre avec une forme de gratitude qui, d’ailleurs, existe dans certains rites religieux. Si nous devions nous-mêmes abattre un cochon au lieu de ne voir qu’une saucisse ou du pâté dans notre assiette, je crois que nous réfléchirions davantage au respect des animaux.

PHARE FM : Mais n’est-ce pas cruel de tuer des animaux, de toutes façons ?

PHILIPPE : On peut le penser. Mais n’oublions pas que tout animal vivant finira par mourir. Par exemple, il n’est pas certain qu’il soit avantageux pour un mouton de tomber sous les crocs d’un loup plutôt que d’être vite égorgé par un homme qui sait s’y prendre, ou de mourir de vieillesse. La nature n’est pas non-violente ! Et puis, vous imaginez nos pays ressemblant entièrement à la Beauce, seulement avec des étendues de céréales, sans pâturages, sans animaux qui, dans certaines régions, y vivent paisiblement et qui contribuent à l’équilibre organique des sols ? En matière d’écologie et de respect de la nature et des animaux, le tout ou rien, comme toujours, conduit à des décisions qui n’améliorent pas grand-chose. En tous cas, signons des pétitions, boycottons les circuits qui maltraitent les animaux, et essayons de peser pour que les bêtes qui nous nourrissent soient traitées avec reconnaissance.