Grain de sel ou grain de poivre du 1er juillet 2020 – Jean-François Mouhot – Que retenir de l’actualité écologique de ces derniers jours ?
PHARE FM : Il y a beaucoup de sujets d’actualité en rapport avec l’écologie cette semaine Jean-François
CHRONIQUEUR : Oui, on pourrait citer ainsi le raz de marée des écologistes aux élections municipales dimanche (avec des maires écologistes élus dans une vingtaine de villes, à Lyon, à Bordeaux, à Strasbourg, à Grenoble, et peut-être à Marseille); l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim ou encore le discours d’Emmanuel Macron devant la convention citoyenne sur le climat.
PHARE FM : Que retenir finalement de toutes ces nouvelles?
CHRONIQUEUR : Elles nous montrent une nouvelle fois à quel point l’écologie est devenue un sujet de société majeur et que ce sujet est là pour durer. Mais elles nous montrent aussi à quel point l’écologie est un sujet compliqué et controversé. Prenons l’arrêt de Fessenheim: est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la planète? Pour les écologistes d’Europe Ecologie Les Verts le nucléaire est le grand satan, mais d’autres personnes se réclamant de l’écologie politique affirment que le nucléaire est une des solutions indispensables à la transition énergétique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
PHARE FM : Et on voit aussi que les propositions de la convention citoyenne sur le climat ne font pas l’unanimité
CHRONIQUEUR : La proposition de la convention citoyenne d’abaisser la limite de vitesse sur les autoroutes à 110 km/h a en effet été, selon un sondage, rejeté par une majorité des Français. Emmanuel Macron a refusé de reprendre cette idée. On peut comprendre qu’il y voie un piège: il pense à la crise des gilets jaunes qui avait commencé par l’abaissement de la limitation de vitesse sur les routes à 80km et une hausse des taxes sur le diesel.
PHARE FM : Ne touche -t’on pas là à un paradoxe?
CHRONIQUEUR : En effet: d’un côté une majorité de citoyens veut plus d’actions sur l’environnement; ces citoyens votent écologistes; ils sont tout à fait d’accord pour isoler leurs maisons, changer la constitution, taxer les entreprises pour les encourager à être plus “vertes” – car tout cela est bon pour la planète, mais ne touche ni au pouvoir d’achat, ni au confort de vie. Par contre, dès qu’il s’agit de limiter notre liberté (liberté toute relative) d’aller très vite sur l’autoroute une majorité n’est plus d’accord. Et le problème c’est que si on veut sérieusement limiter notre impact sur la planète, il va falloir limiter notre “liberté” (entre guillemets), il va falloir limiter noter pouvoir d’achat et notre pouvoir tout court. Adopter comme Christ une démarche de non-pouvoir.
PHARE FM : Et pour finir, en quoi est-ce que ça concerne les Chrétiens?
CHRONIQUEUR : Dans le monde évangélique on fait une erreur en voulant séparer le monde “spirituel” et le monde “matériel”. Cette distinction n’est pas biblique. Ce qui affecte le monde matériel a un impact sur le monde spirituel. Je lisais récemment le témoignage d’un pasteur qui expliquait que quand il était malade du coronavirus (maladie qui affectait son corps) il était tellement fatigué qu’il n’arrivait presque plus à prier, ou seulement des prières très courtes. Les maladies du corps impactent notre vie spirituelle.
PHARE FM : Mais ce qu’on impose à la planète, au monde matériel, n’a t-il pas aussi des répercussions dans le monde spirituel?
CHRONIQUEUR : L’un des fondateurs d’A Rocha, un pasteur, a transformé un terrain vague qui était devenu une décharge, un repère de trafiquants de drogue, en un parc en banlieue de Londres. En transformant le lieu (physique), en récréant un coin de nature en ville, il y a eu toute une série de conséquences positives pour la biodiversité et la nature, mais aussi pour les gens qui habitent autour. Et à n’en pas douter des conséquences aussi dans le monde invisible: le royaume de Dieu s’est approché des gens. Vous pouvez lire son histoire dans le livre “Un dieu zéro déchet” publié par A Rocha.