Grain de sel ou grain de poivre du 29 juin 2020 – Ludvine Schmitz – All Lives Matter

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Grain de sel/poivre ?
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Grain de sel ou grain de poivre du 29 juin 2020 - Ludvine Schmitz - All Lives Matter
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CHRONIQUEUR : Bonjour à tous. Le mouvement BlackLivesMatter réouvre la blessure de l’esclavage noir-africain en Amérique. Aujourd’hui nous élargissons ce thème de l’esclavage et soulignons l’universalité d’un problème qui n’est limité ni à un cadre géographique, ni historique.

PHARE FM : Et le mot esclavage vient du grec «butin de guerre», Ludvine.

CHRONIQUEUR : Oui, auparavant les vainqueurs d’une bataille piochaient dans les forces vives des vaincus pour les exploiter. La pratique se retrouvait sur tous les continents. Dès l’Antiquité il existait aussi un esclavage lié non à la guerre, mais à la situation économique, la servitude pour dettes. Un créditeur pouvait réduire en esclavage son débiteur. En 1956 l’ONU interdisit dans la Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage la servitude pour dettes, le servage, le travail forcé des mineurs et le mariage forcé, la revente ou l’héritage d’une femme.

PHARE FM : Mais qui étaient les esclavagistes, Ludvine?

CHRONIQUEUR : Eh bien, dans l’Europe du Moyen-Age citons pêle-mêle les peuples turcs et germains, le royaume franc et ses serfs. L’Espagne et l’Arabie islamisées, qui acquéraient des esclaves pour leurs harems. Il y eut même quelques papes possédant des esclaves. Jusqu‘au XIXème siècle les marchands portugais vendirent 3 millions d’Africains au Brésil. Les sociétés aztèques et nord-amérindiennes étaient aussi traditionnellement construites sur l’esclavage, ainsi que de nombreuses parties d’Afrique et d’Asie.

PHARE FM : Et quelles voix se sont élevées contre l’esclavage?

CHRONIQUEUR : En France au XVIIIème siècle, Condorcet, Montesquieu condamnèrent l’esclavage. Grâce à l’abbé Grégoire, son abolition fut votée pour la 1ère fois en 1794. L’Anglais William Wilberforce n’y réussit qu’en 1807 pour les pays sous influence britannique. L’Europe officialisa au Congrès de Vienne de 1815 le bannissement de l’esclavage dans laquelle elle avait été victime et actrice.

PHARE FM : Actrice oui, mais victime?

CHRONIQUEUR : Aussi. De 1500 à 1800 la «Barbarie» s’étendait du Maroc à la Lybie. Les «Barbaresques» enlevèrent des Noirs Africains mais vendirent également plus d’un million d’Européens (hommes, femmes, enfants). S’ils étaient riches, les esclaves blancs pouvaient être libérés sur rançon. Des ordres chrétiens se spécialisèrent dans le rachat de milliers d’esclaves. Louis XIV, avant de décréter le fameux Code Noir, fit bombarder deux fois Alger pour faire cesser les raids barbaresques. En 1830, l’armée française débarqua à Alger et délivra les esclaves européens. L’esclavage noir, lui, fut interdit mais continua d’exister dans les campagnes. En Tunisie le fléau ne disparut qu’après un décret français de 1890.

PHARE FM : Aujourd’hui, la Walk Free Foundation publie un index global de l’esclavage.

CHRONIQUEUR : Exact. L’esclavage moderne fait plus de 45 millions de victimes. Il inclut la prostitution forcée, les enfants-soldats, les marchés d’esclaves de l’Etat Islamique. L’index 2018 place l’Inde en tête (avec presque 8 millions d’esclaves). Suivent ensuite Chine et Pakistan (plus de 3 millions), Corée du Nord (plus de 2 millions), Nigéria, Iran, Indonésie et République Démocratique du Congo, avec plus d’un million d’esclaves. Parce qu’aujourd’hui il existe encore des «Restavecs», ces enfants-domestiques haïtiens, des «Abid», ces esclaves héréditaires mauritaniens, des «Bacha Bazi», ces garçonnets-prostitués afghans, des «kamalari», ces mineures népalaises asservies pour dettes, ou encore des Sud-Soudanais réduits en esclavage par des Nord-Soudanais, nous devons proclamer: ALL LIVES MATTER.