L’invité du jour — Allergies printanières : les bons gestes à adopter, avec le Dr Frédéric Le Guillou

Chaque printemps, c’est la même chose : nez qui coule, yeux qui grattent et éternuements en série. En 2025, les allergies saisonnières touchent un nombre croissant de Français, parfois même ceux qui n’avaient jamais été concernés auparavant. Le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et allergologue, décrypte les causes de ce phénomène et les solutions à adopter.

Chaque année, les bulletins polliniques alertent sur des pics plus précoces et plus intenses. Les allergies ne sont plus un simple désagrément : elles touchent un nombre croissant de Français, adultes comme enfants.

Actuellement, un pic important de pollens de graminées touche toute la France, particulièrement l’Île-de-France et le Grand Est. Il est favorisé par des conditions météo douces et un vent propice à leur dispersion.

Aujourd’hui, 30 % des Français sont touchés par des allergies, ce qui en fait un phénomène extrêmement fréquent. Ce phénomène s’explique notamment par le réchauffement climatique, qui favorise la migration des plantes vers le nord. Les pollens sont plus nombreux et plus allergisants, surtout lorsqu’ils sont combinés à certaines particules de pollution, dont les particules de diesel.

De nombreux patients tardent à consulter, alors que les allergies peuvent entraîner des complications si elles ne sont pas prises en charge.

Les symptômes de la rhinite allergique peuvent sembler banals, mais ils entraînent souvent des troubles du sommeil importants à cause du nez bouché, ce qui fatigue beaucoup pendant la journée. Il est important de consulter un médecin généraliste lorsque les symptômes deviennent invalidants, puis de réaliser des tests pour savoir à quoi on est allergique.

Les enfants, plus fragiles face aux allergènes, déclarent souvent leurs premières allergies dès le plus jeune âge, ce qui nécessite une vigilance particulière sur leurs symptômes et leur environnement.

Les enfants sont effectivement plus fragiles face aux allergènes, puisque près d’un enfant sur cinq de plus de 9 ans est concerné par une allergie. Cette sensibilité s’explique par le fait que leurs voies respiratoires, notamment l’arbre bronchique, ne sont pleinement matures qu’entre 20 et 30 ans. Ainsi, tout ce qui va interférer sur l’arbre respiratoire, les virus hivernaux, les allergènes ou le tabagisme parental va pouvoir favoriser l’émergence d’allergies.

Adapter son environnement permet de mieux vivre la saison des allergies en limitant l’exposition aux allergènes, aussi bien à la maison qu’à l’extérieur.

Quand un enfant joue dehors ou rentre de l’école à vélo, il est important qu’il se lave le visage, prenne une douche et se lave les cheveux pour éliminer les pollens présents sur le corps. Ces gestes vont permettre de réduire les symptômes allergiques. On peut aussi porter un masque chirurgical, qui va filtrer plus de 80 % des pollens, et porter des lunettes de soleil pour protéger les yeux lors des sorties en extérieur.

Des solutions efficaces permettent aujourd’hui de limiter les symptômes des allergies, voire de les guérir, grâce à des traitements adaptés comme les antihistaminiques ou la désensibilisation sur le long terme.

Il existe plusieurs médicaments pour soulager les allergies, comme les antihistaminiques, des sprays nasaux pour réduire l’inflammation, et des collyres pour apaiser les yeux. En cas d’asthme ou de toux allergique, des traitements inhalés à base de bronchodilatateurs ou de corticoïdes peuvent également être prescrits. Enfin, pour des symptômes invalidants et répétés, la désensibilisation permet de rééduquer le système immunitaire grâce à un traitement à base de gouttes ou de comprimés à mettre sous la langue. C’est un traitement long, mais dont le but est de guérir.