L’invitée du jour — Pauline Grumel recycle l’hygiène solidaire

Chaque année, ce sont plusieurs centaines de tonnes de savon jetées par les hôtels en France. Pourtant, ces savonnettes peuvent être recyclées au lieu de finir à la poubelle. Pauline Grumel est la directrice d’Unisoap, la première association française à recycler les savons usagés à des fins humanitaires. Elle nous explique le constat à l’origine de sa création.
Lors d’un séjour à l’hôtel, en me lavant les mains, je me suis demandé ce que devenait cette petite savonnette, et j’ai découvert qu’elle finissait tout simplement à la poubelle. Ne trouvant aucune solution de recyclage en France, j’ai créé Unisoap en 2017 et commencé à proposer cette initiative aux hôtels. J’ai tout de suite eu un bon accueil parce qu’ils avaient déjà cette conscience écologique.
Le savon est une matière recyclable et réutilisable, mais son traitement exige un processus rigoureux et parfaitement hygiénique à chaque étape du process. Aujourd’hui, plus de 500 établissements sont engagés aux côtés d’Unisoap, et les hôtels participent activement à ce projet solidaire en collectant leurs savons usagés pour leur donner une seconde vie.
Étant la première structure en France à mettre en place le recyclage du savon, j’ai travaillé pendant deux ans avec un ingénieur pour développer un procédé conforme aux normes, capable de transformer du savon usagé en savon neuf. Nous respectons les réglementations cosmétiques européennes très strictes, avec une traçabilité complète et de bonnes pratiques de fabrication, pour garantir des produits comme neufs.
Les hôtels engagés dans le projet participent à une démarche environnementale en réduisant leurs déchets. Ils s’inscrivent également dans une dynamique sociale en collaborant avec des personnes en situation de handicap et soutiennent une action solidaire dont la finalité est de permettre l’accès à l’hygiène pour les plus démunis.
Unisoap agit concrètement contre le manque d’hygiène, facteur majeur de précarité, en redistribuant des savons recyclés à des populations vulnérables. L’association s’engage également en faveur de l’emploi local en collaborant avec des établissements qui favorisent l’insertion de personnes en situation de handicap.
On a plusieurs types de bénéficiaires : personnes sans domicile, femmes isolées, étudiants, ou encore seniors. Aujourd’hui, ces savons sont donnés aux associations partenaires comme les Restos du Cœur, le Secours populaire et une quarantaine d’associations en France.
Dès sa création, il m’a tenu à cœur que ce projet porte aussi une dimension sociale. C’est pourquoi j’ai rapidement envisagé un partenariat avec un ESAT, c’est-à-dire un Établissement et Service d’Aide par le Travail. Nous y formons des travailleurs en situation de handicap au recyclage des savons. C’est un projet innovant et inédit.
L’association poursuit activement son développement et souhaite avoir un impact toujours plus fort, en élargissant son action et en touchant davantage de bénéficiaires.
Nous souhaitons collecter toujours plus de savons pour en redistribuer davantage, mais aussi élargir notre action en récupérant des invendus d’hygiène, dentifrices, shampoings et brosses à dents, pour constituer des kits ou les fournir en vrac aux associations partenaires. Nous avons ouvert une antenne aux Émirats arabes unis pour développer notre action à l’international et cet été, nous lançons également une opération spécifique à Mayotte, avec l’envoi de 2 000 savons recyclés.