L’invité du jour — Santé au travail : Prévenir les troubles musculosquelettiques, avec Laurent Kerangueven

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L'invité du jour — Santé au travail : Prévenir les troubles musculosquelettiques, avec Laurent Kerangueven
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À l’occasion de la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, nous nous intéressons à un enjeu majeur mais encore trop méconnu : les troubles musculosquelettiques, également appelés TMS. Ils représentent aujourd’hui plus de 80% des maladies professionnelles reconnues en France, touchant tous les secteurs d’activité. Laurent Kerangueven, expert à l’INRS, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, nous aide à comprendre les mécanismes et les impacts de ces pathologies.

Les TMS sont une problématique majeure de santé au travail. Ils touchent différentes régions du corps : les muscles, les tendons, les ligaments et les nerfs, autour des articulations du dos, du cou, des épaules, des poignets ou bien des genoux. Ils peuvent occasionner des douleurs, une gêne, de la fatigue, voire même parfois une perte de force ou de mobilité, rendant le travail particulièrement difficile pour les salariés concernés.

Des plaintes à la pathologie avérée, les conséquences des TMS peuvent être sérieuses, allant des arrêts de travail aux maladies professionnelles reconnues par l’Assurance maladie. Cela affecte directement l’entreprise, en perturbant son organisation et en impactant productivité et qualité.

En fonction de nos professions et domaines d’activité, nous ne sommes pas tous exposés aux mêmes facteurs de risque.

Les TMS sont liés à de nombreuses causes qui vont bien souvent se combiner entre elles. D’ailleurs, on les qualifie de pathologies multifactorielles. Soulever des charges lourdes, adopter des postures contraignantes, travailler les bras en l’air, rester assis longtemps ou répéter certains gestes vont être des contraintes physiques directement associées aux troubles musculosquelettiques. D’autres facteurs de risque peuvent également contribuer à la survenue de ces TMS, comme par exemple le stress ou l’exposition à certains facteurs environnementaux, tels que les vibrations ou le travail au froid.

Les TMS ne sont pas une fatalité. Une fois identifiés, il est possible d’agir pour réduire leur impact. Organisation du travail, aménagement des postes, formation… différents leviers peuvent être activés pour mettre en place une démarche de prévention efficace.

La première chose va être de bien comprendre le travail effectué sur les postes concernés, afin d’agir sur les causes profondes de ces TMS. Il sera ensuite possible d’agir sur l’organisation du travail, afin de maîtriser l’exposition des salariés aux risques. Il est également possible de mettre à leur disposition des solutions techniques pour réduire les contraintes posturales. Quant aux mesures de prévention, celles-ci passent par la  sensibilisation et la formation des salariés.

Pour soulager les efforts physiques, on parle de plus en plus des exosquelettes, sortes d’armatures que l’on porte sur le corps pour aider à faire certains mouvements, comme porter des charges lourdes. Une solution qui a toutefois ses limites.

Les exosquelettes suscitent un grand intérêt dans les entreprises, car ils peuvent contribuer à réduire certains efforts physiques pour des tâches très spécifiques. Mais il faut bien comprendre que ce ne sont pas des équipements que l’on pourrait qualifier de couteau suisse, car ils ne s’adaptent pas à toutes les situations et peuvent en plus de cela, entraîner de nouvelles contraintes. Avant d’adopter ce type de solution, il va donc être essentiel de bien comprendre les besoins de l’entreprise et d’impliquer les salariés directement concernés par l’usage de ce type d’équipement de travail. Finalement, ces exosquelettes peuvent constituer une aide potentielle en matière de prévention des troubles musculosquelettiques, mais ils ne sont ni une solution miracle, ni une solution unique.

Des solutions existent pour accompagner les entreprises, et notamment les plus petites, dans cette démarche de prévention des TMS.

Il est tout à fait possible d’être accompagné d’un point de vue financier et méthodologique. La branche Risques professionnels de l’Assurance maladie propose une démarche intitulée TMS Pro, qui propose aux entreprises des outils, des formations, mais aussi des aides financières pour les aider à lutter contre ces troubles musculosquelettiques.