C’est à lire — Comprendre et lutter contre les violences en protestantisme, avec Julia Bouard
Alors que malheureusement, les abus de toute forme n’échappent pas aux rangs de l’Église, quel que soit son courant, il convient de s’interroger sérieusement sur les mécanismes internes afin de les changer pour le bien des communautés et congrégations présentes et à venir. Après plusieurs publications sur le sujet du côté catholique, les Éditions Bibli’O publient « Comprendre et lutter contre les violences en protestantisme« .
Je pense que chacun, chacune d’entre nous vient de milieux différents et d’espaces différents où la parole n’a pas forcément eu le même impact dans son enfance.
Plus de 350 pages consacrées à ce sujet à la fois complexe et honteux, osons le dire, développées et rédigées sous le patronage de la Fédération Protestante de France, comme l’explique son éditrice, Julia Bouard.
En fait, ce livre vient dans le prolongement d’un rapport qui a été publié en 2023 sur les violences sexuelles. La Fédération Protestante de France nous a fait part de sa volonté de doter les églises et les œuvres protestantes d’outils et de ressources pour combattre ce fléau qui touche tous les milieux. En l’occurrence, il n’y a pas de conflit d’intérêt, parce que c’est justement pour faire en sorte qu’on puisse construire une Église saine qui respecte la sécurité émotionnelle, physique, spirituelle et éducative de chacun.
L’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé définit la violence en insistant sur le côté délibéré. Pour autant, les abus sont souvent liés à des traumatismes inconscients ou refoulés, et cela n’enlève en rien notre responsabilité personnelle face à nos actes et paroles. Une question se pose alors : est-ce si difficile de reconnaître nos torts, de demander pardon et de régler ce qui a besoin de l’être ?
Les théologiens, les professionnels de santé dans ce livre nous donnent des pistes pour renouer avec ce dialogue intérieur qui permet ensuite aussi de reconnaître ses torts, de pouvoir se responsabiliser. C’est vraiment la responsabilité personnelle de pouvoir se retourner sur les actes qu’on a pu commettre et de pouvoir dire dans ce cas-là, c’est moi qui ai mal agi et j’en suis désolé. Et aussi de pouvoir prévenir par la suite des actes parce que des fois, ça peut être une parole, ça peut être un geste qu’on n’a pas identifié comme malveillant ou comme porteur de sens pour la personne qui le reçoit. En revanche, on est responsable de ce geste et donc, de pouvoir l’identifier, ça nous permet d’être plus sensibles à tous ces enjeux quand on est au contact de personnes.
Désormais, des initiatives, outils et formations sont mis en place dans les structures protestantes pour préserver en particulier les jeunes générations, et garantir aussi un environnement sain et pur aux familles. En fin d’ouvrage même, sont listés l’ensemble des numéros de téléphone à contacter en France, Belgique et Suisse si l’on est confronté à ce genre de situation…
On a pu en parler notamment avec les Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France dans ce livre. Comme le juge Édouard Durand en parle aussi dans ce livre, la question ce n’est pas de savoir finalement s’il y a des enfants en face de nous qui subissent des violences, mais de pouvoir les identifier parce qu’on sait qu’ils sont là. La question ce n’est pas est-ce qu’il y en a ? Ça permet vraiment de passer d’un stade d’inactivité et vraiment de subissement de cet aspect à de l’action, à de la proactivité pour justement pouvoir accompagner les enfants et les écouter quand ils viennent à nous donner cette parole-là.
