Ludvine Schmitz – Philanthrocapitalisme

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L’invité de PHARE FM
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Ludvine Schmitz - Philanthrocapitalisme
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Ludvine : Aujourd’hui on parle du philanthrocapitalisme, mariage arrangé entre affaires et altruisme.

PHARE FM : Les philanthrocapitalistes sont-ils des Bisounours qui feraient du business, Ludvine?

Ludvine : Disons qu’au lieu de payer des impôts dans leur Etat d’origine pour participer à l’entretien d’un bon service public, ces milliardaires montent avec leurs finances des fondations grâce auxquelles ils influencent la sphère publique internationale. La Fondation Bill et Melinda Gates, la première du classement avec plus de 46 milliards de dollars, est alimentée par un trust qui investit dans des industries lucratives, armement, énergies fossiles, «malbouffe». D’après le journaliste Lionel Astruc, les bénéfices générés sont ensuite souvent investis dans des entreprises qui  rapportent encore de l’argent aux donateurs. Les investissements philanthrocapitalistes ne sont pas désintéressés. Une fondation finance des programmes qui vont susciter des ouvertures de marchés plutôt que des projets pour enrichir ou émanciper un pays.

PHARE FM : Mais la Fondation Bill et Melinda Gates a investi dans la révolution verte en Afrique.

Ludvine : Effectivement, elle intégra un ancien responsable de Monsanto et imposa des OGM brevetés grâce à un lobbying auprès des gouvernements africains. Elle écrasa les petits grainetiers traditionnels. Mêmes méthodes pour la santé: dans les régions paludéennes, elle promut le vaccin Mosquirix plutôt que les plantes et moyens traditionnels. L’épidémiologue Peter Aaby dénonce dans ce dossier des pratiques criminelles sur des milliers de bébés et de jeunes enfants. Bill Gates était avant préoccupé par la surpopulation. Son père était d’ailleurs président du plus gros lobby d’avortement du monde, Planned Parenthood. Mais désormais le fondateur de Microsoft consacre son énergie à la vaccination. En 2000 il est à l’origine de l’alliance pour la vaccination GAVI, dont le siège à Genève bénéficie d’immunité. GAVI co-dirige actuellement la Facilité Covax, censée accélérer la vaccination mondiale contre la Covid-19.

PHARE FM : Le philanthropisme serait-il sacrifié sur l’autel du profit?

Ludvine : Dans le cas Gates il faut évoquer le procès mené contre Microsoft aux USA en 1998. Le grand public découvrit les méthodes de capitalisme sauvage de la firme. Suite à cela Gates disparut 2 ans de la sphère publique. Il ne réapparut qu’en 2000 avec une image remodelée par la communication et la censure. Car les philanthrocapitalistes investissent aussi dans les media, ce qui explique le peu d’esprit critique de certaines grandes rédactions. Idem avec des institutions internationales des secteurs de santé, d’agronomie ou d’environnement. Aujourd’hui le philanthrocapitalisme est un pouvoir qui oriente les choix sociétaux et sape les mécanismes démocratiques.

PHARE FM : Et les autres, George Soros, «l’homme d’Etat sans Etat», Nicolas Berggruen, le «milliardaire sans domicile fixe», Warren Buffett, etc.?

Ludvine : Soros a fait fortune en poussant des économies à la ruine mais lutte contre les discriminations avec ses Open Society Foundations. Nicolas Berggruen, pilier du forum de Davos, travaille avec son think-tank, officiellement à transformer l’être humain et officieusement à doubler le salaire de certains députés européens. Warren Buffett, qui se plaint de ne pas payer autant d’impôts que sa secrétaire, entraîne les Zuckerberg et autres Bezos à engraisser les fondations. Le philanthrocapitalisme est un Janus à deux faces. Les philanthrocapitalistes sont clairement les marchands du temple.