Pascal Portoukalian – L’abus spirituel
PHARE FM : Aujourd’hui, je crois que vous voulez aborder un sujet un peu touchy…
Pascal : Oui Lisa, j’avais envie de parler d’un sujet qui nous fait un peu honte.
Il nous fait un peu honte, mais on doit en parler pour que justement, on n’en aie plus honte. C’est un phénomène qui se passe dans les églises, et qui s’appelle “l’abus spirituel”.
PHARE FM : Est-ce que c’est un phénomène propre aux églises ?
Pascal : Non, bien sûr. L’abus spirituel existe dans toutes les confessions, chrétiennes ou non.
L’abus spirituel peut se produire chaque fois qu’une personne est en situation d’autorité sur une autre personne ou sur un groupe de personnes. On connaît hélas les abus de biens sociaux, les abus sexuels, les abus de pouvoir… chaque fois qu’une personne dépasse le cadre dans lequel elle peut exercer l’usage d’un bien social, de la sexualité ou du pouvoir.
Eh bien il en est de même avec l’abus spirituel. Lorsqu’une personne, en situation d’autorité, utilise des arguments bibliques ou spirituels, ou même la peur, pour obtenir une faveur particulière. Cette faveur peut être d’ordre financier, d’ordre sentimental, parfois d’ordre sexuel même. Et assez souvent il s’agit simplement d’assouvir une soif de domination.
PHARE FM : Qui est concerné par cela ?
Pascal : Alors d’abord, je veux rappeler que c’est une pratique minoritaire dans l’église. La plupart des responsables exercent leur ministère avec sérieux et dévouement, il est indispensable de le rappeler !
Mais quand l’abus se produit, il peut être exercé par un pasteur, un prêtre, ou toute personne ayant une responsabilité d’ordre spirituel. Et ces personnes-là abusent d’une ou de plusieurs personnes, pour en quelque sorte pirater leur inconscient et les amener à faire des choses que raisonnablement, elles n’auraient pas fait.
PHARE FM : C’est un sujet dont on n’est pas fier, pourquoi estimez-vous qu’il faut en parler, Pascal ?
Pascal : Pour 3 raisons.
Tout d’abord, parce qu’il y a des victimes. Et ces victimes doivent non seulement être entendues, mais doivent aussi se reconstruire. Il faut reconnaître que cela arrive aussi chez nous, dans l’environnement des églises qui n’est pas toujours aussi sécurisé que cela.
Ensuite, pour décourager les quelques pasteurs-gourous tentés par ces manipulations. En parler, c’est leur montrer que leurs pratiques sont identifiées et qu’ils sont condamnables pour cela.
Enfin parce que je crois que, si l’église veut se rendre accessible au monde, alors il faut qu’elle reconnaisse qu’il existe parfois quelques loups dans la bergerie, et que ces loups ne peuvent pas agir impunément. Reconnaissons que les abus existent aussi dans les églises. Traitons le mal quand il survient, et si possible avant qu’il survienne. Reconnaissons-le et nous en sortirons tous grandis, à commencer par le message de l’Evangile lui-même.
PHARE FM : Avez-vous une ressource particulière à nous recommander à ce sujet ?
Pascal : Oui volontiers. Je vous recommande un ouvrage qui vient de paraître. Le livre se nomme “Et si c’était un abus spirituel ?” Il est écrit par Cindy Ghys. Il permet non seulement d’identifier les situations d’abus spirituels, mais il donne aussi des clés pour en sortir et pour en guérir.
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