Jean-Luc Gadreau : Fanatisme et foi

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Jean-Luc Gadreau : Fanatisme et foi
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Aujourd’hui notre chroniqueur est Jean-Luc Gadreau. Il nous parle de ce 26 octobre qui est marqué par un triste événement de l’histoire protestante en particulier, et qui a la particularité de faire écho à l’actualité.
PHARE FM : Alors que c’est-il passé ce 26 octobre… de quelle année d’ailleurs ?
J-L Gadreau : On est en 1553 à Genève et c’est l’affaire Michel Servet qui sera, ce jour-là condamné à mort sur le bûcher avec, notamment, une accusation portée par Calvin. Un jugement exécuté dès le lendemain ! Servet, qui est resté droit dans ses bottes et ses convictions pendant le procès et l’emprisonnement meurt dans d’atroces souffrances.
PHARE FM : Que s’était-il passé ?
J-L Gadreau : Michel Servet était un médecin espagnol, humaniste brillant. C’est lui qui a fait notamment connaître ce que l’on appelle la petite circulation sanguine. Il avait une théologie que l’on pourrait qualifier de marginale. Il était aussi parfois excessif dans son propos.
En 1553, alors qu’il était à Vienne en France, Michel Servet est condamné au bûcher par l’inquisiteur catholique Mathieu Ory. Servet parvient à s’évader et se rend à Genève. L’inquisition le condamne donc par contumace et seule son effigie et ses livres sont brûlés. Mais, mauvais choix, car là aussi les choses tournent mal, et avec Calvin en particulier…
En conclusion: que ce soit d’un point de vue catholique ou protestant, Michel Servet est considéré comme « hérétique » c’est à dire qu’il soutient des doctrines extravagantes et anti-bibliques…
PHARE FM : Quel lien faite vous avec l’actualité ?
J-L Gadreau : Calvin a tenté de se justifier mais il s’attire dès l’année suivante une réponse cinglante de son ancien ami Sébastien Castellion, sous la forme d’un opuscule. Il écrit : « Lorsque les Genevois ont mis à mort Servet, ils n’ont pas défendu une doctrine, ils n’ont fait que tuer un homme. La violence endurcit le cœur qui ne s’ouvre pas à la mansuétude. On ne surmonte le mal, on ne dissipe les ténèbres que par la lumière, non par l’épée ». Une fin de citation qui peut rappeler aussi des mots plus tard du pasteur Martin Luther King.
Cette parole de Castellion est revenue ces jours passé, évoquée par plusieurs en réaction à l’assassinat du professeur d’histoire, Samuel Paty. Et derrière elle, des enjeux qui touchent au fanatisme. Un fléau qui se tapi très vite dans des attitudes, et pas seulement avec l’islamisme radical. Alors bien sûr à des degrés très divers… mais il est intéressant de le souligner.
PHARE FM : Ce fanatisme, vous le voyez comment ?
J-L Gadreau : Pour résumer ma pensée et ce que cette date nous rappelle, j’aimerai lire les mots du frère dominicain Adrien Candiard dans une interview au Monde, juste après l’odieux crime à Conflans Ste Honorine. Il dit entre-autre :
« La principale erreur théologique du fanatisme est de ne pas laisser de place à la foi… Le fanatisme remplace Dieu par un objet fini et croit ainsi pouvoir le posséder. Comment ne pas devenir fanatique soi-même ? En se souvenant que Dieu est plus grand. Plus grand que ce que les autres en disent – même ceux qui profèrent à mes yeux des énormités – et plus grand aussi que ce que j’en comprends. »