Yannis Gautier – Mutinerie à Madagascar

Temps de lecture : 2 minutes
Grain de sel/poivre ?
Grain de sel/poivre ?
Yannis Gautier - Mutinerie à Madagascar
Loading
/

PHARE FM : Aujourd’hui Yannis, vous avez décidé de nous parler d’une mutinerie, qui s’est déroulée le 23 août, à la prison Farafangana, dans le sud-est de Madagascar.

Yannis : Tout à fait, mais avant ça, j’aimerais vous faire part du contexte carcéral actuel à Madagascar où il y a 28 000 prisonniers, pour une capacité d’accueil de 10 000 détenus. Il faut savoir que les détenus sont logés dans des cellules pleines à craquer et dorment au sol, dans des conditions dégradante et inhumaine. À chaque claquement de mains, il faut changer de position.  Je vous passe les détails sur les odeurs, les conditions sanitaires, l’accès aux soins inexistant, sans parler de la malnutrition qui sévit.
Certains surveillants, des brutes épaisses, n’hésitent pas à rançonner et à frapper les détenus. Bref, les droits de l’homme sont inexistants dans ces prisons, où on mélange les mineurs avec les majeurs. 

PHARE FM : Et que fait le gouvernement ?

Yannis : Malheureusement, la machine judiciaire est vieillissante. Il en résulte que beaucoup de détenus sont incarcérés à titre préventif et peuvent rester des années sans être jugés. De vrais oubliés de la justice. La corruption est également visible et palpable à tous les niveaux. 

PHARE FM : En cette période de crise sanitaire, comment ça se passe pour les détenus ?

Yannis : Eh bien, ils n’ont rien. Les jugements sont suspendus, les parloirs ainsi que les promenades. Ils sont littéralement coupés du monde. Et d’ailleurs, Amnesty international dit que cette situation est une bombe à retardement et qu’il suffirait d’un cas de Covid-19 pour que tout explose.

PHARE FM : Alors, qu’est-ce qui s’est passé le 23 août ?

Yannis : Il y a eu une mutinerie à la prison Farafangana, où 88 détenus, qui certainement en avaient ras-le-bol de vivre dans de telles conditions, se sont évadés avec un fusil mitrailleur volé à un surveillant. Je vous l’accorde, ce n’est pas très beau et ce n’est certainement pas la meilleure manière de se faire entendre. Toutefois, tous ceux qui s’évadent de prisons ne sont pas des meurtriers et on parle d’un fusil pour 88 détenus. 

Enfin, là encore à voir toute l’attention que les forces de l’ordre leur porte, puisqu’une véritable chasse à l’homme va être mis en place, se soldant par un bain de sang. 22 détenus, parmi les 44 rattrapés, vont être abattus comme des bêtes. Et les autres diront qu’ils se sont évadés parce qu’ils en avaient assez de vivre et de supporter cet enfer carcéral. Ce qui bien sûr va indigner la communauté internationale et le ministre de la justice malgache se dédouane de cet acte cruel et barbare en disant : « les forces de l’ordre n’ont pas eu l’ordre de tuer. Une enquête est en cours. »

PHARE FM : Un mot de la fin :

Yannis : Oui, il y en a marre de voir, encore aujourd’hui, que dans certains pays c’est toujours les mêmes qui trinquent, les pauvres. Quelqu’un dit que l’indifférence était l’arme la plus cruelle du XXIe siècle. Et à l’heure actuelle, nous n’avons pas le droit d’être indifférents à la détresse humaine. Alors, agissons et réagissons pour un monde meilleur !