Grain de sel ou grain de poivre du 27 avril 2020 – Philippe Malidor – Les dealers généreux

Temps de lecture : 2 minutes

Les dealers généreux

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Depuis le confinement, à côté d’une poignée de crapules qui font du marché noir notamment sur les objets médicaux, il existe de très belles initiatives en faveur des personnes qui ont besoin d’aide. Mais… toutes ces initiatives méritent-elles des éloges ?…

PHARE FM : Philippe, je crois que nous nous accordons tous à dire que l’étrange période que nous vivons montre que, près de chez nous comme dans le monde entier, de belles initiatives émergent en faveur des autres.

CHRONIQUEUR :  Oui, et même si la quasi paralysie de l’économie mondiale ainsi que cette pandémie dont on ne connaît pas l’aboutissement peuvent nous inquiéter, on observe des élans de gratuité et de vraie générosité pas forcément là où les attendait. Il faut s’en réjouir sans réserve. Mais…

PHARE FM : Ah bon ? Il y a un mais ?

CHRONIQUEUR :  Eh bien oui, ce monde n’est pas parfait, vous le saviez. J’ai été intrigué par une interview, dans Libération, du sociologue Michel Kokoreff, un sociologue spécialiste des banlieues, de l’usage et du trafic des drogues et du militantisme dans les quartiers populaires. Sujet très intéressant, mais qui me semble susciter des prises de position discutables. Pour lui, les banlieues ne sont ni entendues, ni représentées politiquement. À mon avis, cela mérite quelques nuances ; aux informations et en matière de voix politiques, on entend mille fois plus parler du 9-3 que du 1-8 (et d’ailleurs, la meilleure preuve, c’est que vos auditeurs vont devoir chercher où se cache cet obscur département du 1-8 ! J’offre un exemplaire de ma chronique calligraphiée à l’encre de Chine à quiconque me donnera la bonne réponse !)

PHARE FM : Le test va être intéressant ! Mais, en dehors de ça, qu’est-ce qui vous chiffonne ?

CHRONIQUEUR :  C’est que M. Kokoreff dit (je cite) : « Dans certains quartiers, la police continue de se comporter comme une armée de réserve coloniale. » Il dit qu’elle profite de la situation pour fliquer davantage les banlieues. Mais pas seulement les banlieues, ajoute-t-il quand même. Ouf ! Mais il néglige le fait que le respect de l’autorité est une notion inexistante dans ce qu’on appelle « les territoires perdus de la République ». Mais ce n’est pas tout. Il rapporte un fait qui a priori peut sembler positif (je cite) : « À Clichy-sous-Bois, cinquante palettes de nourriture ont été distribuées pendant huit jours à des centaines de personnes. Tous les acteurs de ces quartiers ont financé cette action solidaire – les dealers inclus. »

PHARE FM :  Et pour vous, ce n’est pas une nouvelle encourageante ?

CHRONIQUEUR :  Eh bien pas vraiment. Parce que ces dealers, tous les jours, ils font autant de morts que le Covid-19, et leur came ruine beaucoup plus de vies que ne le fera le virus. Alors, ça rime à quoi de rendre service à des vieux avec l’argent qui a servi à détruire leurs enfants et leurs petits-enfants ? Moi, j’appelle ça se racheter une virginité, pas être généreux. C’est peut-être aussi acheter… l’indulgence des gens du quartier. Eh bien, c’est exactement le fonctionnement de la mafia : tu fermes les yeux sur mes activités nuisibles et illicites, et en échange, je t’accorde ma protection. Voilà comment se développent des mondes parallèles qui ont depuis longtemps échappé à ce qui reste de morale publique dans nos pays.