Ruralité – Frank Leroy – Président de la Région Grand Est
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Interview de Monsieur Frank Leroy, Président de la Région Grand Est : le Pacte pour la ruralité
La Région Grand Est a lancé dès 2016 le Pacte pour la ruralité afin de soutenir, développer et valoriser l’ensemble des territoires ruraux.
Nous sommes à la ferme des Grandes Tuileries sur le Sézannais, en présence de Monsieur Franck Leroy, président de la Région Grand Est.
Monsieur le Président, pouvez-vous nous préciser les objectifs de ce Pacte pour la ruralité?
Le pacte pour la ruralité est dans sa deuxième version puisque, comme vous l’avez dit, il y a eu un premier pacte pour la ruralité en 2016 ; l’objectif aujourd’hui c’est de miser sur la ruralité parce que nous sommes intimement convaincus que la ruralité a un avenir, encore faut-il lui donner les moyens et mettre en œuvre une politique en direction de nos ruralités. Je précise nos ruralités parce que, quand on est dans les Ardennes, quand on est dans les Vosges, quand on est dans la Marne, quand on est dans l’Aube, on a des ruralités différentes ; le paysage est différent et donc les problèmes sont différents.
Parmi les premières mesures que nous avons prises, vous vous en souvenez sûrement, ça a été le déploiement de la fibre optique ; aujourd’hui on a une ruralité couverte à 100 % par la fibre optique .Pas une région en France et sans doute pas une région en Europe, n’a cette faculté de pouvoir bénéficier de la fibre optique partout dans le monde rural. C’est extrêmement important parce que la fibre optique, c’est l’ouverture au monde, c’est l’accès au numérique avec un débit illimité et c’est pour des activités économiques que l’on soit agriculteur, artisan, entreprise, professeur habitant dans la ruralité,,, Évidemment un atout de première importance pour les familles aussi, pour les inciter à venir habiter en ruralité ; aujourd’hui, quand il n’y a pas de numérique, en général on n’y va pas ; c’est en tout cas ce que nous disent les maires, donc on a travaillé notamment sur ce point .
94% du territoire de la région Grand Est relevant de la ruralité, une grande partie du Grand Est est donc concernée par ce pacte ?
Bien sûr en surface, mais on a on a surtout 5152 communes ; on est la région de France qui compte le plus de communes donc le plus de communes rurales puisque l’immense majorité de ces communes sont des communes de moins de 1000 habitants voire même de moins de 500 habitants. La plus petite commune de notre région a trois habitants, elle est en Meurthe-et-Moselle et a la fibre optique .
Monsieur le Président, développer la ruralité nécessite des moyens. Quels sont les outils mis en œuvre dans le cadre du pacte pour la ruralité ?
Les outils sont d’abord plurithématiques. Quand on parle ruralité, il faut parler transports publics, il faut parler équipements publics, il faut parler agriculture, il faut parler économie… Bref, la ruralité c’est tout ça ; il ne faut pas simplement aider les communes sans penser à l’économie rurale et donc notre objectif c’est bien d’avancer dans toutes ces directions, de déployer des politique volontaristes sur ces territoires pour faire en sorte que la ruralité saisisse les chances qui sont les siennes.
Aujourd’hui, il y a une appétence pour le monde rural comme jamais ; plus de 65 % des Français rêvent de vivre en ruralité. Aujourd’hui la ruralité sait produire de l’énergie, elle sait produire de l’alimentation, elle sait produire des ressources naturelles essentielles comme l’eau : la plupart de nos agglomérations ont une eau qui vient de la ruralité.
Donc, si on arrive à combiner les atouts de la ruralité, si on fait en sorte de redonner espoir aux élus de la ruralité, de permettre à cette ruralité de s’équiper, de ne pas dépendre systématiquement des villes qui sont parfois assez lointaines mais de bénéficier grâce au numérique, grâce à des communes mieux équipées de lieux culturels, de lieux sportifs, de lieux permettant la vie sociale en ruralité, on va permettre à la ruralité de s’en sortir.
Par exemple, la question se posera très bientôt du vieillissement de la population : permettre à des personnes âgées de vieillir en ruralité est un élément important parce que si on annonce à ces personnes âgées que leur avenir est systématiquement dans les EHPAD ou vers les villes où il y a plus d’équipements pour les personnes âgées, ça ne peut pas fonctionner donc il faut vraiment qu’on soit actif sur tous les champs.
Il y a un champ que je n’ai pas évoqué qui est évident, c’est la santé. La ruralité est souvent touchée par le problème de la démographie médicale ; donc on aide aux stages notamment d’internat en ruralité, on soutient les maisons de santé partout où il y a des projets de maison de santé, on développe la télémédecine lorsqu’il y a des possibilités de télémédecine et ça fonctionne. On se doit d’agir dans tous les domaines pour rendre notre ruralité plus attractive.
Notre Région compte 12 maisons de la Région, quelles sont leurs missions ?
C’est simple, avant quand on était en Champagne-Ardenne ; qu’on habitait du côté de Chalindrey il y avait 200 km pour aller à la Région ; aujourd’hui il n’y a pas un village de la région qui est à plus de 80km d’une maison de la Région, ça veut dire qu’on a rapproché la Région des territoires et notamment des territoires ruraux. C’est bon pour les lycées c’est bon pour les chefs d’entreprises, c’est bon pour les maires qui peuvent demain accéder à tous les services de la Région à 80 km de chez eux alors que la capitale régionale est Strasbourg. Vous imaginez si vous habitez dans l’Aube ou ici, à deux pas de Sézanne, ou Esternay, s’il fallait aller à Strasbourg pour un oui pour un non, ces territoires se sentiraient isolés. Il suffit d’aller à Chàlons, et à Chàlons il y a absolument tous les services qui permettront à un territoire comme celui du Sud-Ouest marnais de bénéficier de l’accompagnement de la Région.
Pouvez-vous nous parler du FIR (fonds d’initiatives rurales) ? Quels en sont les critères d’éligibilité ?
C’est difficile de parler des critères d’éligibilité, parce que je serais tenté de vous dire que s’il y a un bon projet, il y a toujours un financement possible.
Ce fonds d’initiatives rurales a pour objectif justement de sortir des politiques traditionnelles d’aide ; on a des dispositifs d’aide qui sont formatés, qui font qu’on finance à tant de pour cent tel ou tel type d’équipement. Mais il y a aussi, notamment en ruralité, des innovations, des projets un peu hors norme, des moutons à cinq pattes. Il faut de temps en temps pouvoir retenir un mouton à cinq pattes, une idée est intéressante, elle correspond aux besoins d’un territoire, il faut s’autoriser à faire du sur-mesure.
Le fonds d’initiatives rurales, c’est du sur-mesure ; c’est-à-dire que si l’idée est intéressante, si elle correspond à l’aspiration d’un territoire, on doit pouvoir l’aider même si elle n’entre pas dans le catalogue des aides habituelles de la Région. Donc c’est vraiment sortir des catalogues, sortir de la logique de guichet et se dire ce projet est bon pour un territoire donc on va l’aider et on pourra l’aider assez fortement parce qu’il présente une originalité et pour nous c’est intéressant parce qu’une aide comme celle-ci peut demain être essaimée partout ailleurs ; c’est-à-dire qu’une originalité d’un territoire peut demain servir à d’autres territoires et à ce moment-là cela nous permet de diffuser les bonnes pratiques et là aussi de donner un coup de main à la ruralité.
Je vous remercie Monsieur le Président de Région.
Cette émission est une coproduction des radios associatives du Grand Est soutenue par la Région Grand Est.