Les invités de la semaine — Le Souffle de l’Ill avec Brigitte Morel, Charlotte Formhals et Damien Fontaine
Cette semaine, on part à la découverte d’un spectacle fascinant : Le Souffle de l’Ill, qui sera joué dans le Haut-Rhin dans les prochains jours. Ce projet artistique ambitieux mêle danse, éléments aquatiques et haute technologie. Aujourd’hui, Brigitte Morel, directrice artistique et chorégraphe au sein de Motus Modules, sollicitée pour la première fois en 2021, Charlotte Formhals, responsable au sein d’Aquatic Show, une société alsacienne réputée dans le monde entier pour ses effets spéciaux aquatiques, ainsi que Damien Fontaine, metteur en scène reconnu pour ses créations monumentales alliant émotion et technologie, sont disponibles pour nous raconter les coulisses de ce spectacle.
Brigitte Morel a rejoint l’aventure du Souffle de l’Ill en 2021, en tant que directrice artistique et chorégraphe au sein de Motus Modules. Ce projet mêlant danse, arts visuels et technologies lui a offert une source d’inspiration unique, fidèle à son travail entre mouvement et images. Le titre du spectacle évoque un souffle presque spirituel, à l’image de l’émotion et du symbolisme qu’il cherche à transmettre. Profondément sensible à ce qui relie les êtres humains, Brigitte y exprime une vision de notre humanité et une réflexion sur notre avenir.
J’ai été embarquée dans l’aventure par Damien Fontaine, le réalisateur, avec qui notre compagnie avait déjà travaillé. J’ai pris en charge tous les éléments vivants du spectacle : les danseuses au sol, les danseurs aériens, et des personnages qui passent de l’image à la scène. C’est un projet très onirique, inspiré de l’histoire de Mulhouse, qui nous plonge dans un monde de contes et de poésie. Notre danse en apesanteur s’intègre parfaitement à cet univers fantastique. Le spectacle parle à tous les âges, il fait rêver, il donne de l’espoir. Il évoque aussi les défis de notre monde, mais montre qu’on peut transformer les choses et aller au bout de soi-même.
Charlotte Formhals a intégré Aquatic Show au projet Le Souffle de l’Ill en orchestrant les effets aquatiques du spectacle. À travers l’eau, tour à tour douce, puissante ou imprévisible, elle a cherché à transmettre des émotions fortes. Elle a coordonné son travail avec les artistes et techniciens dans une véritable collaboration interdisciplinaire, qu’elle a vécue avec passion. Pour elle, cette aventure reste marquée par un souvenir fort, reflet de la magie née de cette création collective.
Pour moi, c’était vraiment un honneur de contribuer à ce projet si poétique et immersif. On nous a sollicités pour imaginer et concevoir les effets aquatiques du spectacle, avec l’envie que l’eau devienne un vrai personnage à part entière, et pas juste un effet technique. L’idée, c’était qu’elle dialogue avec la lumière, le son, la projection, pour transformer les bains municipaux en un monde féerique et onirique. On a donc créé une grande variété d’effets, comme un rideau d’eau de 12 mètres qui sert de support à des projections monumentales, ou encore des colonnes et des ailes d’eau motorisées. Tout ça a demandé un gros travail technique, mais aussi artistique, en lien avec notre équipe pluridisciplinaire. Ce genre de projet, c’est vraiment une aventure collective. Le spectacle n’a pas encore été joué, donc mes plus beaux souvenirs sont encore à venir. Mais un moment marquant, c’était quand l’équipe artistique est venue dans nos ateliers pour découvrir les premiers essais. Il y avait une vraie magie dans l’air ce jour-là.
Damien Fontaine est régulièrement sollicité pour concevoir des spectacles qui éveillent autant l’âme que le regard. Avec des créations comme Le Souffle de l’Ile, il cherche à faire naître une émotion profonde, une résonance intime chez le spectateur. Chez lui, la lumière n’est jamais un simple effet : elle raconte, elle transcende. Dans un monde en quête de sens, proposer ce type d’expérience immersive et poétique s’impose comme une évidence.
Ce qui m’a tout de suite interpellé dans Le Souffle de l’Ile, c’est le lieu. Cette piscine Art déco, qui fête ses 100 ans cette année, a une telle singularité… L’idée d’en faire une véritable salle de spectacle, c’était complètement fou, et c’est justement ce qui m’a passionné dans l’écriture du projet. Ce spectacle s’inscrit aussi dans une démarche plus large : celle de plonger dans les 800 ans d’histoire de Mulhouse. Mais je ne voulais pas d’un récit didactique. Ce qui m’intéressait, c’était de proposer une œuvre profondément politique, au sens noble du terme : une œuvre qui parle à tous, qui rassemble, qui fait ressentir. Pour moi, la lumière, l’image, toutes les technologies qu’on mobilise ne sont que des outils. Ce qui compte, c’est l’émotion qu’elles permettent de transmettre. Mon moteur, c’est ça : sublimer l’histoire, la faire vibrer autrement que par les formes classiques comme le théâtre ou le cinéma. Offrir une expérience immersive, sensible, presque organique… c’est ce que je cherche à chaque fois.
