L’invitée du jour — Véronique Bertholle : « Le jumelage, un lien humain et politique »

En France, il est courant de découvrir, à l’entrée de certaines villes et villages, la mention « ville jumelée avec… ». Mais de quoi s’agit-il concrètement ? L’occasion d’en apprendre davantage sur notre territoire. Focus particulier sur Strasbourg, avec Madame Véronique Bertholle, adjointe au maire en charge des relations internationales.

D’après l’Association française du Conseil des communes et régions d’Europe, le jumelage représente la rencontre de deux communes décidées à s’associer pour agir dans une perspective européenne, confronter des problématiques communes et renforcer des liens d’amitié durables.

Certaines villes françaises établissent des jumelages avec des communes situées en dehors de l’Europe, élargissant ainsi le cadre initial à une dimension plus internationale. Les citoyens jouent parfois un rôle dans l’orientation des jumelages, notamment à travers l’engagement associatif ou les échanges culturels locaux.

Derrière chaque jumelage se trouvent des démarches précises, administratives et politiques, loin de l’idée d’un simple panneau installé du jour au lendemain. Ce processus repose sur des critères spécifiques : affinités culturelles, projets communs, partenariats historiques ou ambitions partagées. Ainsi se construit, peu à peu, un lien formel entre deux territoires, en France et ailleurs dans le monde.

Le jumelage, initialement centré sur l’Europe dans les années 60-70, s’est progressivement élargi dès les années 80 à une dimension internationale, permettant aux collectivités locales françaises de nouer des liens avec des partenaires hors d’Europe, dans une logique d’ouverture et de coopération globale. Les diasporas, souvent bien ancrées localement, peuvent favoriser des rapprochements entre villes, mais la décision finale d’un jumelage relève en France d’un processus encadré, reposant sur un établissement formel et un vote au sein des instances municipales. Le jumelage est avant tout le fruit d’une rencontre humaine, souvent initiée par les maires de deux communes, dans le cadre de réseaux de coopération tels que la FECRE au niveau européen ou des réseaux thématiques, comme ceux des villes de santé. La démarche commence par une prise de contact, suivie de la création de liens, d’échanges, de coopérations concrètes et de projets communs. Ce processus, qui repose sur une volonté mutuelle d’avancer ensemble, se formalise par une convention de jumelage, comparable à un contrat symbolique, presque comme un mariage entre deux territoires.

Première définition du jumelage : réunir deux entités semblables ou symétriques en vue d’une utilisation conjointe. Les villes et villages français n’échappent pas à cette logique. Strasbourg, à elle seule, est jumelée avec plusieurs villes à travers le monde.

Ces jumelages, établis depuis plusieurs décennies, s’inscrivent dans une démarche ancienne. Le tout premier jumelage de la Ville de Strasbourg remonte à une époque charnière, posant les bases de relations durables.

Le jumelage ne date pas d’hier. Déjà dans les textes anciens, comme la Bible, on trouve trace de cités s’associant pour des raisons sociales, militaires ou économiques.

Et pourtant, aujourd’hui, ce concept semble parfois flou ou lointain pour le citoyen lambda, tant sa visibilité dans la vie quotidienne reste limitée malgré son ancrage institutionnel.

Certaines villes entretiennent avec nous un nombre particulièrement élevé de jumelages répartis sur plusieurs continents. Le jumelage le plus ancien remonte à 1960, suivi de plusieurs autres dans les années 1960, puis d’une nouvelle vague dans les années 1990. Dans les années 60, les jumelages constituaient la seule forme de coopération internationale entre collectivités, mais depuis la décentralisation des années 80, toutes les collectivités peuvent désormais établir des projets de coopération décentralisée, formalisés par des conventions précises, sur plusieurs années, sans nécessairement passer par le cadre du jumelage.