L’invitée du jour — Emotions : un langage à apprivoiser, avec Raphaëlle de Foucauld

Joie, tristesse, colère, peur, dégoût… nous ressentons chaque jour une grande variété d’émotions. Elles arrivent parfois sans crier gare et influencent nos décisions, nos relations et notre bien-être. Pourtant, nous les comprenons souvent mal. Raphaëlle de Foucauld, thérapeute, nous aide à mieux les identifier, les accueillir et les vivre sereinement.
Si nos émotions sont des réactions naturelles et spontanées face aux situations de la vie, nous ne savons pas toujours ce qui se passe en nous lorsque nous les ressentons.
Les émotions ne sont pas une option. Certains les ont un peu mises sous le tapis en disant que c’était trop inconfortable et préfèrent ne pas trop les ressentir. Pourtant, les émotions sont nos alliés. Sans elles, je crois qu’on ne pourrait pas vivre. Toutes ces émotions nous donnent des indications précieuses de ce dont on a besoin, ce qu’on n’accepte pas, ce qui est difficile pour nous. C’est véritablement important d’y faire attention. Il y a cinq émotions de base qui sont la peur, la colère, la tristesse, la joie et le dégoût.
Avec l’augmentation de l’hypersensibilité et des crises d’angoisse chez les jeunes, comprendre nos émotions est essentiel. C’est une première étape vers une vie plus sereine et apaisée.
Les personnes hypersensibles ressentent les choses de manière très intense, et peuvent avoir du mal à nommer ce qu’il se passe en elles. Une émotion se déclenche avec un stimulus, des choses qu’on peut se dire soi-même ou des choses qui arrivent de l’extérieur. Elle s’exprime dans le corps, c’est ensuite notre cerveau qui apprend à la reconnaître et à la nommer. Quand on est en colère, ça va être chaud, ça va bouillir. Quand on a peur, ça va être froid. C’est très important d’arriver à regarder ce qui se passe dans le corps.
On oublie parfois d’apprendre à quoi servent les émotions. Elles deviennent alors des ennemis et vont créer beaucoup de colère et d’angoisse. On a besoin d’accueillir ce qu’on est en train de ressentir. L’émotion est ce qui va nous mettre en relation avec l’autre. C’est en partageant ce que je suis en train de vivre, que je rentre en relation avec l’autre.
On entend parfois qu’il faudrait simplement “accueillir” ses émotions sans chercher à les contrôler. D’autres parlent de “gestion émotionnelle” comme d’une compétence à acquérir.
« Gérer » n’est pas le mot que je préfère. Je dirais plutôt « apprivoiser ». C’est apprendre à vivre avec elles. Je vais apprendre, quand je suis petit, à bien les décoder, à bien les nommer, à les apprivoiser et à en faire des alliés. Quand on parle de « gérer », on est dans la tête, c’est très rationnel. Alors que, lorsqu’on apprivoise, on est dans son corps et aussi dans sa tête. Apprivoiser ses émotions, c’est apprendre à les nommer dans les relations qu’on peut avoir avec les autres ou même, déjà, avec soi-même. Les émotions sont normales et naturelles.