L’invité du jour — Laval, quand le patrimoine se réinvente, avec Stéphane Hiland

Laval, labellisée Ville d’Art et d’Histoire, est une cité qui a su traverser les siècles en préservant un patrimoine architectural et culturel remarquable. Depuis plus de 1000 ans, son histoire s’est écrite au fil des évolutions urbaines, des constructions et des traditions locales. Plongeons dans ce passé avec Stéphane Hiland, Responsable du service Patrimoine et Médiation de Laval Patrimoine.
Il est toujours assez intéressant de rappeler que Laval est née d’un acte illégal, puisque la ville s’est constituée autour de son château, qui est venu prendre possession manu militari d’un point de passage sur la rivière, puisqu’on était sur une importante pénétrante qui permettait de relier le bassin parisien à la Bretagne.
Construit au 11e siècle, le Château de Laval, véritable berceau et symbole de la ville, a connu de nombreuses transformations. Il a évolué au fil des siècles et son histoire est intimement liée à celle de la ville.
Au 19e siècle, la ville va totalement changer d’aspect à la demande de Napoléon. Ca va se traduire par ce qu’on appelle aujourd’hui la grande traverse avec un centre ancien, né de cette riche histoire, et un centre contemporain.
La ville de Laval possède les deux derniers bateaux-lavoirs de France, dont le Saint-Julien. Ces bateaux-lavoirs, rares et uniques, donnent un aperçu de la vie quotidienne à Laval à une époque où les lavandières travaillaient au bord de la rivière Mayenne.
C’est une vraie particularité locale. Laval a gardé un lien toujours très étroit avec sa rivière. C’est vraiment la colonne vertébrale de la ville.
Les lavandières professionnelles réalisaient la tournée de leur clientèle dans la ville avant de réaliser les travaux liés au lavage du linge, au séchage puis ensuite au repassage. La machine à laver a fini par mettre à mal ce patrimoine et faire disparaître cette activité. Mais très tôt, la ville de Laval a eu la volonté de conserver cette part importante du patrimoine vernaculaire.
Parmi ces lieux de vie, on retrouve également de nombreuses églises et édifices religieux. Parmi eux, la Chapelle Notre-Dame de Pritz, avec ses fresques romanes et son intérieur richement décoré. Aujourd’hui encore, la foi chrétienne est toujours bien présente au cœur de Laval.
La première mention de Notre-Dame de Pritz date du début du 8e siècle. Ca veut dire qu’il y avait des fidèles, il y avait déjà des chrétiens présents sur le territoire de ce qui allait devenir la ville de Laval.
L’édifice religieux sans doute le plus remarquable à Laval est la basilique Notre-Dame d’Avesnières. Un édifice situé en bord de rivière. Il élève sa flèche à 54 mètres de hauteur et a été un lieu de pèlerinage pendant très longtemps.
Le patrimoine de Laval ne se limite pas aux édifices anciens : la ville a su donner une nouvelle vie à certains lieux en leur offrant une fonction culturelle et sociale. Les bains-douches, construits dans les années 1920, étaient autrefois un lieu où la population lavalloise se rendait pour se laver. Avec la modernisation de la ville, les Bains-Douches ont été restaurés pour devenir un lieu culturel unique.
C’est un bâtiment qu’on pourrait aisément qualifier d’art déco. C’est une véritable petite bonbonnière qui naturellement renvoie à l’effet « wahoo » du visiteur quand il y pénètre pour la première fois, parce que l’intérieur du bâtiment est entièrement recouvert de mosaïques, que l’on doit à l’atelier de l’artiste rennais Isidore Odorico.
Après l’eau, le lait a également joué un rôle important dans la région de Laval, aussi bien sur le plan économique que culturel. Aujourd’hui, la Cité du Lait propose un musée vivant où l’on peut découvrir cet héritage à travers des expositions, des collections et des animations.
Il y a presque un siècle, M. Besnier a commencé par une activité très simple de récolte du lait dans les fermes qui entouraient la ville. Et puis, il a rapidement monté une entreprise qui s’est développée pour devenir aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de l’agroalimentaire.
À la fin du siècle dernier, l’entreprise Besnier a eu l’heureuse initiative de valoriser la toute première usine, qui a été transformée en musée. C’est naturellement un lieu aujourd’hui qui est investi par les familles, parce qu’il est porté vers différents ateliers, différentes animations, qui mettent en avant les produits laitiers, la notion du bien manger et le goût.
Après avoir fait un tour dans la cité du lait, les familles peuvent également se retrouver dans les parcs et jardins de Laval et notamment le jardin de la Perrine. Différentes essences d’arbres y sont mises à l’honneur, mais également de grands personnages lavallois.
Le jardin botanique de la Perrine fait aujourd’hui à peu près 4 hectares et demi et offre une très belle vue panoramique sur le château et la vallée de la Mayenne. Il renvoie également à la mémoire des grands Lavallois, dont l’espace muséographique dédié au navigateur Alain Gerbault, le premier à avoir traversé l’Atlantique en solitaire en 1923. On y trouve également la tombe du douanier Rousseau, le père de l’art naïf. Celui qui est l’un des artistes les plus « bankables » au monde est né à Laval en 1844. Il y repose toujours aujourd’hui au jardin de la Perrine.