Jean-Marc Bellefleur – L’écriture inclusive

« Continuez de semer la Parole de Dieu par votre radio pour parler, réconforter et sauver d'autres personnes comme moi. »
— Sonia

Oui, PHARE FM est une radio qui propose des rendez-vous qui parlent de Dieu et apportent des réponses à la quête de sens. Soutenez PHARE FM et permettez encore plus de changements de vie.

Je soutiens

Temps de lecture : 2 minutes
L’invité de PHARE FM
L’invité de PHARE FM
Jean-Marc Bellefleur - L'écriture inclusive
Loading
/

PHARE FM : Bonjour Jean-Marc. Aujourd’hui, vous nous parlez de l’écriture inclusive. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est vraiment ?

Jean-Marc :
L’écriture inclusive part d’un constat : l’invisibilité des femmes dans notre langue, et plus grave, dans l’histoire. Par exemple, si je dis “Les techniciens sont présents”, on peut penser qu’il n’y a que des hommes, et les femmes sont passées sous silence. Actuellement, on prend enfin conscience – mais il reste du chemin – de ce problème du silence. Je cite un exemple d’histoire : celle qui a réalisé le premier film sur la vie de Jésus, la française Alice Guy-Blaché, grande pionnière dans la réalisation de films à scénarios. Elle est aujourd’hui complètement oubliée dans son propre pays, alors qu’on arrive très bien à se souvenir de son contemporain Méliès.
Ce constat doit être fait et donner lieu à des changements dans notre société. L’écriture inclusive en est une tentative. Dans ma phrase, il s’agirait d’écrire “technicien.ne.s” et “présent.e.s”. Il s’agit d’inclure les femmes dans l’expression, aux côtés des hommes.

PHARE FM : Mais ne dit-on pas que le genre masculin fait fonction de neutre, qu’il peut évoquer les deux sexes ?

Jean-Marc : C’est la règle de grammaire. Mais il faut dire que les femmes ont longtemps été victimes d’ostracisme dans toutes les fonctions sociétales visibles, les fonctions d’autorité ou de compétence. Alors les mouvements féministes vous répondent que non, il faut leur rendre justice dans le langage comme dans la société.
Les choses évoluent, notamment pour la féminisation des noms de métier ou de fonction, mais les usages ne sont pas établis. Dans la police, une femme peut être “brigadier”, du nom du grade, ou “brigadière”.
Je partage tout à fait la motivation féministe. Le masculin comme neutre rend les femmes trop invisibles, ce qui résonne douloureusement avec l’histoire et les injustices encore actuelles.
Puisque nous faisons de la grammaire, citons la fameuse règle du masculin qui l’emporte sur le féminin. Cette règle date du 17e siècle, époque où le “sexe noble” était le masculin. On peut dire qu’il ne s’agit que d’une règle de grammaire. On peut dire aussi que cette règle cristallise une pensée sexiste.

PHARE FM : Pensez-vous que l’écriture inclusive soit utile à la cause féministe ?

Jean-Marc :
Dans une certaine mesure, oui. Chercher des mots qui valent pour les deux sexes. Ce sont des mots féminins ou masculins d’ailleurs (“une personne”, “un individu”), le genre grammatical n’était pas la même chose que le genre sexuel). Ne pas hésiter à utiliser le féminin et le masculin si possible (à l’exemple de notre bon vieux “Mesdames et Messieurs”). Et puis en tant qu’homme , j’ai quand même du mal à dire “Nous sommes tous là” quand je m’adresse seul à un groupe de femmes.
En revanche, les points médians sont vite compliqués, malheureusement. Tenez, ma phrase des techniciens, comment doit-on la lire, finalement ? Et là, ce sont les personnes dyslexiques ou ayant du mal à lire, ou encore les enfants, qui sont en quelque sorte exclues par l’écriture inclusive. Or le français est la langue de tous, elle nous unit.
Notre langue résulte de notre histoire, belle ou moins belle. Ce patrimoine commun évolue, c’est une langue vivante. Le féminisme contribue à cette évolution, et c’est très bien. Nous verrons bien comment notre langue va continuer d’évoluer.