Grain de sel ou grain de poivre du 17 juin 2020 – Jean-Marc Bellefleur – Don, générosité et amour
PHARE FM : Bonjour Jean-Marc Bellefleur
CHRONIQUEUR : Bonjour Lisa, bonjour Nathanaël. Aujourd’hui, je voudrais vous parler de la générosité.
PHARE FM : Que voulez-vous dire ?
CHRONIQUEUR : Dites-moi… Pourquoi donnez-vous votre sang, ou votre temps, pourquoi donnez-vous vos vieux vêtements ou des conserves lors des collectes de nourriture, ou encore de l’argent à une oeuvre humanitaire ?
PHARE FM : Parce que je sais que ce sera utile ?
CHRONIQUEUR : Ah parce qu’à vous, ça ne sera pas utile ? Avec le temps que vous donnez, vous pourriez profiter de la vie au lieu d’aller collecter des aliments…
PHARE FM : Vous nous posez la question des motivations ?
CHRONIQUEUR : Oui Lisa. Ça peut être un genre de “merci”, par exemple. On soutient la recherche contre le cancer parce qu’on a un proche qui a été touché par cette maladie et qu’il a lui-même profité des recherches déjà faites grâce à des donateurs.
Ou alors si je donne, c’est parce que je soutiens une cause qui m’est chère. Par exemple, pendant le confinement, des personnes ont fait du bénévolat pour soutenir des producteurs locaux de légumes. Du temps investi… pourquoi, sinon pour participer à quelque chose qui va dans le bon sens ? Qui évite des transports polluants ? Qui fait vivre l’économie locale ? Là, le don – de temps en l’occurrence – est un geste profondément humain.
PHARE FM : Oui c’est un “geste citoyen”, finalement.
CHRONIQUEUR : Tout-à-fait, une prise de conscience du vivre ensemble ! La société ne se résume pas à la loi de la consommation, du tout monnayé, du tout compté. Qui sont les plus heureux, entre un peuple d’individualistes défendant chacun son intérêt, et un autre peuple qui jouit d’un peu plus de conscience collective ?
PHARE FM : Oui, vu comme ça, la générosité, c’est une belle expression de la conscience collective.
CHRONIQUEUR : Voilà, oui, et nous en avons vraiment besoin. Dans cet esprit, donner 3 boîtes de haricots extra-fins à la Banque alimentaire, faire de l’aide aux devoirs pour de jeunes étrangers, c’est construire ce peuple plus heureux que l’autre fait d’individualistes. Dans la générosité, il y a donc une certaine recherche de bonheur personnel, puisque mon bonheur sera bien plus grand si je le construis avec les autres plutôt que malgré les autres.
Ah et j’ajoute aussi l’amour comme motivation du don.
PHARE FM : Effectivement, on dit bien : “Quand on aime, on ne compte pas !”
CHRONIQUEUR : Le peu que je sais sur l’amour, c’est que quand on aime une personne, on peut lui donner des tas de choses sans aucune hésitation. Des parents, par amour pour leurs enfants, vont donner sans compter ! En dehors des cercles privés, il y a de vrais gestes d’amour, gratuits, désintéressés, sans attente de retour. Tenez, si je soutiens une mission humanitaire dans un pays éloigné, quelle autre motivation ai-je finalement ?
PHARE FM : Mais est-ce qu’il n’y a pas de motivations plus obscures, aussi ?
CHRONIQUEUR : Oui, c’est vrai, soyons réalistes. Le don peut être un faire valoir, au service de l’orgueil : “regardez comme je suis riche, je donne sans compter !” Jésus répond à cela : “Que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite.” Ou un calcul bassement intéressé : “Si je donne ceci, on me donnera cela.” Ou encore une prise de pouvoir : “Si je donne ceci, cela me donnera un droit sur une personne, sur un groupe.”
PHARE FM : Oui, alors c’est important de savoir pourquoi on donne du temps ou de l’argent. Retenons plutôt les motivations comme l’amour ou la conscience collective ! Merci Jean-Marc Bellefleur