Grain de sel ou grain de poivre du 13 mai 2020 – Jean-Marc Bellefleur – Semis du coeur

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Grain de sel/poivre ?
Grain de sel/poivre ?
Grain de sel ou grain de poivre du 13 mai 2020 - Jean-Marc Bellefleur - Semis du coeur
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PHARE FM : Bonjour Jean-Marc Bellefleur !

CHRONIQUEUR : Bonjour Lisa ! Vous connaissez Mamert, Pancrace et Servais ?

PHARE FM : Ah non… je ne vois pas.

CHRONIQUEUR : Mamert était un évêque dans la Gaule du Ve siècle. Pancrace fut un jeune martyre chrétien, sous l’empereur romain Dioclétien (IIIe et IVe siècles). Servais était un évêque dans l’actuelle Belgique flamande, au IVe siècle. Cela vous aide si je vous dis que tous les horticulteurs et jardiniers les connaissent ? Dans le calendriers des saints, ils ont leur place respectivement les 11, 12 et 13 mai.

PHARE FM : Ah ce sont ceux qu’on appelle les “saints de glace” ?

CHRONIQUEUR : Oui Lisa ! Et je ne vous ai dit là que l’essentiel. On pourrait en citer d’autres qu’on célèbre aux mêmes dates. 

On les appelle ainsi parce qu’à ces dates, il peut encore geler la nuit dans nos régions. Alors il faut éviter de faire des semis en pleine terre, ou laisser de jeunes boutures dehors la nuit. J’ai jadis travaillé en horticulture, et ont parlait couramment de ces dates lorsque nous vendions des plans de géraniums par exemple : il fallait rentrer les balconnières la nuit jusqu’à cette date.

PHARE FM : Et donc à partir de demain, nous pourrons faire des semis en terre ou laisser nos balconnières dehors.

CHRONIQUEUR : C’est bien ça. Je ne sais pas si nos gouvernements ont fait exprès, mais en gros, nous, c’est comme les géraniums. A partir des saints de glace, nous pouvons sortir ! Il a fallu attendre, attendre encore…

Cela me fait penser à une phrase bien connue, d’ailleurs : “Il y a un temps pour tout”. C’est une phrase de la Bible, pleine de sagesse. Il faut savoir attendre le bon moment pour faire les choses, on n’est pas maître de tout.

PHARE FM : Et cette sagesse vient bousculer un peu notre mentalité de l’immédiat…

CHRONIQUEUR : Notre culture de l’instantané, oui. Je ne sais pas trop ce qu’a remué ce long confinement chez les gens, mais cela m’a donné un autre rapport au temps. J’ai appris à ne pas courir partout, à attendre dans les files d’attente, à laisser le temps passer.

Au lieu de nous replonger dans la frénésie des activités, de la consommation, je propose que l’on cultive l’art de la tranquillité. Je sais bien qu’un certain nombre d’entre nous sont contents de reprendre le travail, de gagner de nouveau de quoi vivre. Qu’il y a une vraie tension à savoir si on va sauver son entreprise, son emploi, son commerce… Et qu’on bosse pour rattraper le temps perdu.

PHARE FM : Et pour cela, il faut se préparer…

CHRONIQUEUR : On vivra d’autant mieux les défis qu’on saura prendre le temps de s’y préparer intérieurement. Si je garde à l’esprit mon histoire de semis… Je vais citer les têtes de chapitre d’un ouvrage collectif nommé A contre-courant” (sous la direction de Nicolas Widmer) :

1. Cultiver l’amour dans une culture égocentrique.

2. Cultiver la joie dans une culture de l’insatisfaction.

3. Cultiver la paix dans une culture de violence.

4.Cultiver la patience dans une culture du « tout, tout de suite ».

5. Cultiver la fidélité dans une culture d’inconstance.

6. Cultiver la douceur dans une culture d’affrontement.

Nous avons besoin de ces temps d’élévation intérieure, de spiritualité, de recherche de sens. Alors si maintenant c’est le moment de faire vos semis de fleurs ou de légumes, n’oublions pas de faire aussi les semis du coeur !

PHARE FM : Merci Jean-Marc.