L’invitée du weekend — Caroline Bidou, 150 ans d’actions pour la Fondation Sonnenhof en Alsace

« Renverser le paradigme : Le handicap n’est pas une charge pour la société, mais une richesse ! », telle est la vision de la Fondation Sonnenhof, qui célèbre 150 ans d’actions envers les plus fragiles en Alsace. Mise en lumière de cette institution créée en 1876 par deux pasteurs avec Caroline Bindou, Directrice générale…
Aujourd’hui, le handicap est peu présent dans la société. Ça progresse à l’école, c’est là que ça commence, mais enfin au quotidien, la place du handicap, la place d’une personne différente n’est pas encore celle qu’elle devrait être, c’est-à-dire celle de tout un chacun qui doit avoir sa place, comme n’importe qui, dans la société. Oui, il y a encore des choses à travailler, et cela passera par la rencontre, la connaissance mutuelle, c’est ce à quoi nous nous employons.
Le constat est ainsi sans appel : il y a encore de quoi améliorer notre monde. Le projet institutionnel donne pour mission au Sonnenhof « d’innover et bâtir un modèle plus équitable, plus authentique et plus respectueux où chacun a sa place ». Malgré un contexte économique plus que crispé dans le secteur médicosocial, une différence concrète est incarnée quotidiennement pour venir en aide aux personnes en situation de handicap mental et aux personnes âgées dépendantes.
Dans une famille, quand un enfant en situation de handicap arrive, c’est déjà un sujet, c’est déjà compliqué, il faut l’assumer, il faut comprendre, il faut accompagner cet enfant. Ce qui est très difficile, c’est que dans notre modèle social, en théorie, tout est fait pour accompagner les situations complexes, pour accompagner la différence, pour accompagner et compenser les crises du handicap. Or, quand, en tant que famille qui a un enfant handicapé, vous allez avoir besoin de l’aide d’une institution pour accompagner, vous allez vous retrouver sur liste d’attente. Il y a aujourd’hui plus de 200 enfants qui attendent une place dans nos établissements et on manque aussi de places dans le secteur adulte. Au-delà de tout effet d’annonce politique, le vieillissement des personnes en situation de handicap n’a pas été anticipé. Et les réponses que la société apporte aujourd’hui ne sont pas encore les bonnes.
Dans un secteur en crise, l’espoir semble pour autant encore rester de mise. La foi est semble-t-il vecteur de force dans ce quotidien au service des autres, sans que tout le monde, d’ailleurs, ne comprenne l’importance de cette implication altruiste.
Nous sommes un témoignage. La Fondation dans ses statuts et dans son premier article, témoigne de sa foi en Jésus-Christ. L’engagement, en fait, c’est d’accompagner la personne tout au long de la vie par rapport à ses besoins. En quoi en sent-on la différence ? Par la manière dont nous apportons notre fraternité et la manière dont nous accompagnons la personne globalement. Dans nos établissements, la place de la spiritualité est importante.
Le Sonnenhof, à travers ses 25 établissements et services, propose trois offres d’accompagnement : une offre médicosociale, une offre de travail adapté et une offre de loisirs adaptés. Que conviendrait-il de souhaiter pour l’avenir de la Fondation en cette année d’anniversaire spéciale ?
Ce qu’on peut souhaiter déjà, c’est que la vision que la société a de la différence change en réalisant que tout un chacun peut avoir sa place dans la société sans que ce soit à questionner depuis l’école jusqu’à l’EHPAD. Oui, que la vision inclusive de la société se développe au point que la différence ne soit plus un sujet depuis l’école jusqu’à la fin de vie. Et que chaque fois qu’il est nécessaire, nos établissements puissent apporter le meilleur accompagnement, le meilleur confort et la meilleure possibilité d’inclusion à tous.
Crédit photo : Philippe Bohlinger